Les périphériques vous parlent N° 8
JUILLET 1997
p. 1-7

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Avis au lecteur : Ce n° 8 a été conçu à la fois comme un prolongement et complément du n° 7 consacré au projet des États du Devenir et à la manifestation Cum petere - chercher ensemble - pour des États du Devenir. Avec ce numéro nous voulons mettre l'accent sur les « hors-champ » de cette rencontre : ses continuités, les projets, les démarches qu'elle a générés, les résonances qui lui donnent voix. Bien qu'il puisse être lu comme un numéro en soi, il nous semble que sa pertinence découle de la lecture du n° 7. Ces deux numéros constituent, pour nous, deux moments d'une même logique pour faire mouvement.

édito

Résistance, existence

Seules les pratiques culturelles nouvelles pourront modifier profondément les pratiques politiques.

Lendemains d'élections

La dissolution de l'Assemblée par le Président de la République a pris de court la plus grande partie des associations, des groupes qui, à titres divers, s'expriment, agissent et combattent sur tous les terrains où la guerre économique mondiale génère des désastres sociaux.

Les dernières élections ont vu la victoire de la gauche. Mais que représente le succès des partis de gauche, Socialistes, Communistes, Verts pour un mouvement qui vise à prendre toutes ses responsabilités dans le cadre de la cité ?

Le mouvement pluriel des citoyens qui était en train de prendre forme dans sa diversité s'est constitué à partir d'une lutte menée contre une droite française soumise aux exigences du néolibéralisme mondial, une droite, de plus, incapable d'apporter des réponses aux demandes de la société française. Les partis politiques de gauche, quant à eux, empêtrés dans des problématiques de survie avaient beaucoup de mal à répondre à l'offensive néo-libérale. La résistance venait d'ailleurs, justement des organisations des citoyens eux-mêmes. Il ne faut pas oublier que la remise en cause profonde de la gauche avait, alors, peu de crédit auprès d'un électorat désabusé. Il a fallu l'incroyable enchaînement de maladresses de la droite, son arrogance insupportable aux yeux de la majorité des électeurs, la constante désinvolture cynique et méprisante du Premier Ministre, et les agissements ubuesques du Président de la République pour amener la population à glisser à gauche. Le corps électoral a-t-il fait pour autant confiance aux partis de gauche pour représenter demain une alternative crédible au projet « globalitaire » du néolibéralisme ?

Si le gouvernement de gauche se replie dans des habitudes prises pendant les législatures des septennats Mitterrand, remettant en selle le règne des « petits copains et grands coquins », s'abandonnant au repliement bureaucratique et comptable de la gestion « des affaires publiques sans le public », gestion qui évacue toute créativité au nom du Savoir expert des Maîtres en économie, en politique, en relation sociale, si la politique des Créateurs grand C s'ingénie à alimenter la culture des « coups médiatiques », continuant à implanter par là le conformisme paresseux d'une culture de branchés faite par quelques-uns pour quelques autres, alors « les citoyens en mouvement » risquent de se retrouver, comme toujours jusqu'ici, confinés dans les marges rosâtres d'une politique dont ils ne seront moins que jamais les acteurs.

Si durant le temps où la gauche est au pouvoir, les citoyens ne prennent pas toutes leurs responsabilités pour « faire mouvement », ils vont s'exposer inévitablement, dans de brefs délais, au risque de se retrouver les uns et les autres, isolés, réduits à l'impuissance renvoyés dans une opposition de très longue durée, cette fois-ci.

Aussi moins que jamais s'agit-il de rendre les armes, de remettre entre les mains des élus ce qu'il nous revient, et à nous seuls, de co-construire, nous, les citoyens, acteurs, auteurs de nos actes et de notre devenir. Ne succombons surtout pas à la tentation de laisser encore une fois à des experts le soin de nous tracer la voie où engager nos pas. Sans l'activité concrète, au jour le jour, de ceux qui se sont donnés pour objectif de co-construire un devenir citoyen, le populisme démagogique, les nationalismes socialisés ou pas, les intégrismes aux mille masques ont la chance d'avoir de beaux jours.

Que ces mots de Paul Eluard « Ici, tout se blottit dans un feu qui s'éteint », n'expriment jamais cette douloureuse vérité d'une gauche brûlant de ses derniers feux dans un monde livré aux prédateurs de l'économie d'un marché néo-libéral !

Ainsi la victoire électorale de la gauche n'aura de sens, d'une part, que dans la mesure où l'activité des associations et des groupes les plus divers continuera à développer d'une manière plurielle les perspectives, les objectifs du « devenir-citoyen » et, d'autre part, que si ce mouvement amène le gouvernement à comprendre que sa victoire électorale représente bien autre chose que l'énième épisode d'une alternance qui se contente d'enregistrer tantôt à gauche, tantôt à droite les signes du désenchantement populaire.

Avec un gouvernement de gauche « aux affaires », les formes que prendra l'action citoyenne devront être, certes, bien différentes de celles mises en place à l'époque Balladur ou Juppé. Elles devront viser des objectifs susceptibles d'orienter la lutte du devenir-citoyen dans le cadre d'une gauche à inventer.

C'est en cela que nous appelons les associations, les groupes, les mini-communautés agissant sur le terrain social, culturel, du travail, de l'éducation et autres à se mobiliser. En l'occurrence, quand nous évoquons la mobilisation, très précisément, nous les invitons à agir et à interagir ensemble à partir de leurs activités spécifiques (c'est-à-dire à travers l'expression de leurs différences), les conviant, par là, à « faire mouvement » beaucoup plus qu'à faire un mouvement.

Pensée unique, culture plurielle

Cet éditorial voudrait, en la circonstance, donner un peu de consistance - soit une esquisse de forme et des indications de contenu - à cette expression « faire mouvement », soit encore de nous demander : où et comment faire mouvement ? Précisons déjà que, par là, nous nous n'engageons certainement pas à amalgamer des individus autour d'un programme préalable, serait-il le meilleur des programmes. Il ne s'agit pas non plus de hasarder quelques formules explicatives pleines de sagesse qui appellent à « union des bonnes volontés. Nous nous méfions beaucoup des déclarations dites de « synthèse » qui, au nom du « faisons simple » rassemblent en un texte « concis » quelques propositions réduites à leurs plus simples expressions. Ces synthèses simplificatrices se révèlent la plupart du temps un moyen de masquer aux citoyens l'ensemble des situations complexes qui font désormais l'ordinaire du quotidien de l'époque. Ce n'est certainement pas en occultant la complexité, en refusant les problèmes difficiles, que la vie va devenir plus simple. Il n'est plus possible de se dispenser de lire en profondeur ce que d'évidence, ne sera jamais simple à comprendre. Il est hors de portée de quiconque : politiques, scientifiques ou autres experts, de rendre simples les choses de la vie. Aujourd'hui le défi à relever pour chacun est non seulement de disposer du temps pour comprendre les complexités de la vie présente, mais plus encore de disposer d'espaces, de lieux où apprendre à penser, à agir, à devenir capable d'être des citoyens responsables de leurs actes.

L'engagement qui s'impose, en l'état actuel des choses, est la fondation de ces lieux de l'expression citoyenne pour apprendre à agir et penser, et plus que jamais à résister, et dans cet acte de résistance exister. Résister à quoi ? Exister comment ? Voyons un peu cela.

Le mot résistance évoque une situation très précise, il appelle à résister à la pensée unique du néolibéralisme. Devant cette pensée unique d'un « économisme » qui ne cesse de proclamer son hégémonie, de nature sur toutes les autres formes d'expression et d'activité humaine, le terme « résistance » engage à opposer une pensée plurielle, de culture, issue de la libre expression de l'ensemble des citoyens, partout, dans tous les domaines où la vie amène les femmes, les hommes, les adolescents à nouer des relations entre eux.

La pensée unique conduit, de fait, ses adeptes à se fier strictement aux critères comptables. Inéluctablement, il en résulte une soumission aux seuls impératifs de l'économie de marché, un marché qui se veut de plus en plus global, mondial.

En second lieu, l'évolution moderne de l'économie de marché conforte chaque jour davantage le marché financier comme le seul système de référence apte à mesurer le progrès universel. Mais comment accepter ces référents si les indicateurs économiques qui font régulièrement état d'une croissance constante des PNB nationaux se trouvent, de fait, contestés par les statistiques sociales qui dévoilent, périodiquement, l'appauvrissement grandissant des populations mondiales ? Nous nous bornerons à citer cette statistique du PNUD de juillet 96 : « Chaque minute il y a 47 pauvres de plus dans le monde ».

La question de la résistance se pose d'évidence par là : comment résister à cet « état de fait » d'une domination mondiale de l'économisme néo-libéral qui s'implante de plus en plus dans l'histoire de notre époque ? À quels autres choix, choix de vie, de culture engage la résistance à « l'État de fait » de cette domination ? Comment les faire émerger, ces choix nouveaux ? Voilà bien les perspectives que l'activité citoyenne devrait s'appliquer à dégager à travers ses actions multiformes, et ceci vaut autant aujourd'hui, sous un régime socialiste que, hier, sous la droite.

C'est à ce point que nous risquerons le mot « existence », en essayant de lui donner une forme et un contenu, et à la suite une réalité, une réalité qui prend sens dans l'idée de « résistance » : cette résistance qui s'impose à des pans entiers de population rejetés dans les marges d'une under class vouée à la précarisation. Ce qu'il faut bien faire comprendre maintenant au gouvernement actuel, c'est que « la précarisation » (travail à temps partiel, multiplication d'emplois subalternes mal payés et la création à tout va de petits boulots sans lendemain) se révèle un mal égal, sinon pire, que le chômage. Le matraquage médiatique, qui applaudit aux scores excellents de la productivité américaine qu'accompagne une baisse du chômage, ne fait que rarement état de l'augmentation constante des populations renvoyées au seuil de pauvreté. Aussi, les citoyens devront-ils faire en sorte que les deux paramètres précarisation (dévalorisation des possibles humains) et chômage (disqualification du statut de salarié) ne soient jamais disjoints dans l'appréciation de l'état social du pays. C'est seulement en tenant compte de la relation de ces deux facteurs qu'une évaluation de la situation sociale, économique et politique pourra être faite et a la suite des mesures pourront être prises.

Ainsi, en opposition à une culture générée « naturellement » par la domination d'une économie dite de marché, qu'exprime parfaitement l'idée de « pensée unique » reposant sur des critères comptables souvent truqués, nous opposerons une culture du devenir citoyen, une culture à faire par tous et pour tous. Là encore émerge la question : comment, de quelle manière et surtout où, dans quel lieu, la concevoir, la co-construire, cette culture ?

Dans l'état actuel des choses, nous sommes tous des exclus de nos possibles. Alors, toujours dans l'état actuel des choses, évitons de réclamer que ceux que l'on qualifie d'exclus s'intègrent dans un monde impossible. Mais battons-nous plutôt ensemble pour un monde possible fait par tous et pour tous, en commençant par demander des lieux, des espaces, des moyens pour co-construire un devenir citoyen.

Nous avancerons, en premier lieu, que cette culture plurielle devra trouver les meilleures opportunités pour exister, à travers ce « faire mouvement » visé par le devenir-citoyen : une culture dans laquelle l'expression conjuguée, interactive des différences fonde une unité, une unité constituée des expressions des différences individuelles et de groupes dans un ensemble : une unité des différences. Nous ajouterons que le passage de  »la culture de la pensée unique » à une « culture plurielle » faite par tous et pour tous, engage au renouvellement de l'expression politique elle-même (manière de faire et de se comporter) surtout dans le contexte d'une gauche au pouvoir, d'une gauche, elle aussi, en quête d'une autre manière de faire de la politique.

Évidemment, seules les pratiques culturelles nouvelles pourront modifier profondément les pratiques politiques actuelles issues du taylorisme, un taylorisme réglementant depuis près d'un siècle le monde du travail et générant, au plan du social, la culture dite de masse (y compris l'idéologie économiste moderne baignant dans un technologisme exacerbé), culture middle class de normalisation à outrance reposant sur cette visée unique, référant du marketing contemporain : l'indice maximum d'audience et le nombre le plus élevé possible de produits vendus.

Pour des lieux d'expression citoyenne

Mais les pratiques culturelles nouvelles ne tomberont certainement pas du ciel : ces pratiques, il va falloir les inventer. Très précisément, ce sera aux citoyens eux-mêmes de les créer, et pour cela il leur faudra trouver, conquérir les espaces pour le faire. Nous l'avons énoncé plus haut : la fondation de ces lieux où espaces, c'est bien là la première obligation qui s'impose à tout postulant citoyen, s'il veut échapper aux cadres inhumains édifiés par la culture économiste, certes à bout de souffle, mais certainement pas à court de moyens pour assurer son hégémonie « globalitaire ».

Ce sont donc des lieux de vie ouverts à tous, à la fois « maisons du devenir citoyen » et « laboratoires du changement » où co-construire concrètement la citoyenneté, des lieux de pratiques, d'expressions du politique, du social et du culturel que nous appelons de nos vœux. Une alternative moderne aux Maisons de la Culture actuelles et MJC qui se bornent la plupart du temps à diffuser une culture faite par quelques-uns pour tous les autres (voir les Cahiers des Charges de ces Institutions).

Ce qu'il s'agirait de proposer, dès maintenant, très concrètement à la gauche au pouvoir, c'est la fondation de tels espaces du devenir citoyen. Ils expriment une exigence politique : celle du droit pour tous à disposer de lieux (appelons-les culturels) de production, de recherche, de formation où le droit pour chacun à l'expérimentation serait reconnu comme un moyen nécessaire à l'expression de sa citoyenneté.

L'exigence de tels espaces à partir d'une mise à disposition de lieux par les institutions responsables, sociales et politiques, privées et publiques, nous semble constituer une premlère démarche à engager auprès des ministères concernés par le social et le culturel.

Revendiquer de tels lieux ou espaces est l'acte fondateur du devenir citoyen. Car sinon, où donc les citoyens se retrouveront-ils pour donner consistance et forme à leurs projets, à leurs idées ? Comment et où pourront-ils donner une suite aux manifestations, aux luttes, aux rencontres où le devenir citoyen ne cesse d'appeler à sa co-construction ?

Nous, Laboratoire d'études pratiques sur le changement, Les périphériques vous parlent, Génération Chaos, sommes pour notre part décidés à prendre nos responsabilités en revendiquant, dès maintenant, un de ces lieux ou espace que nous voudrions pilote. Depuis cinq années, notre action, un peu partout dans les différents domaines d'expressions, qu'il s'agisse du politique, de l'artistique, sur le terrain social, urbain, universitaire ou rural, nous amène à poser notre candidature à ce lieu de l'expression citoyenne.

La rédaction


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Danse des corps, tonte des moutons


Photo-Graphisme : Jérôme Cano

Décembre 1995. Un travail photographique à partir du un/un parcourt toutes les pages droites du n° 4 des Périphériques. Le un/un est un principe développé par l'équipe de Génération Chaos pour Musique/Danse Overflow. Il n'a pas pour finalité une chorégraphie ; c'est un dialogue.


Photo : Sonja Kellenberger

Décembre 1996. Jérôme Cano, un des participants au travail photographique du un/un, fait une recherche à partir des pages du journal elles-mêmes, en les utilisant comme des négatifs photo pour les agrandir directement sur papier photo. Les photos que vous voyez tout le long de ce numéro en sont le résultat.

Avril 1996. Les périphériques font une tournée dans le Sud de la France, notamment dans les coopératives de Longo Maï. Des échanges, des stages ont lieu. Des discussions sur l'agriculture et la culture, nous renforcent dans l'opinion qu'il n'y a pas une supériorité, ou une dévalorisation qui dispenserait l'une d'être utile par rapport à l'autre et vice-versa, mais au contraire une compatibilité, souvent perdue, qui sous-tend une même reconquête du sens de la vie.

Lors de cette tournée, Sonja Kellenberger, une participante des Périphériques, prend des photos de la tonte des moutons. Ce sont les photos que vous voyez également le long de ces pages.

Mai 1997. Nous travaillons à ce numéro. Les textes comme les photos sont une matière à partir de laquelle nous construisons un numéro. Nous regardons les photos du un/un et de la tonte des moutons, quelque chose nous frappe : une similarité de matière, de texture, de posture, de gestes. Nous décidons d'explorer cette compatibilité.

Danse des corps, tonte des moutons. Gestes du corps qui façonne une idée avec l'autre. Corps sculptés. Tonte des corps qui se croisent, se heurtent, se scrutent, dessinent une figure, produisant une culture, de la danse. Danse de l'homme qui s'unit corps à corps a un autre corps. Une matière prend forme, culture de la laine, laine de culture, un tissage d'actes, de gestes dansés, tramage d'actes et pensées. Sculpture de mondes, irruption de la culture dans les corps, entrée en scène de l'art de la vie. Introduction de l'ombre de fils de laine dans le dénouement de la danse, introduction de gestes à dénouer dans un tissage de laine. L'art de savoir danser pour rencontrer l'autre et déjouer les distances, les manières de faire imposées, les codes, les goûts qui ont aseptisé la vie pour reconquérir le sens du possible avec l'autre. L'individu tond la distance qui le sépare de l'autre, de l'autre qui n'est plus son ennemi, mais celui qui le nourrit, de culture, d'art de la vie.


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Contributions

CONTRIBUTIONS

Comité de rédaction : Federica Bertelli-Giustacchini (directrice de la publication), Anne Calvel, Yovan Gilles, Christopher Yggdre et pour ce numéro contributions de Sonja Kellenberger et Jérémie Piolat.

Ce numéro n'aurait jamais pu voir le jour sans la collaboration précieuse de Norbert Bottlaender-Prier.

Collaboration pour les photos :Kathrin Ruchay, Tessa Polak.
Conception de la couverture : Kathrin Ruchay.
Photo centrale de couverture : Jérôme Cano à partir d'un travail collectif sur le un-un.

Maquette : Atelier Patrix

Ce numéro est imprimé avec l'aide de l'Université Paris 8 Saint Denis.

Mise sur réseau : Norbert Bottlaender-Prier

Les périphériques vous parlent a été créé par des étudiants de Paris 8, Saint Denis et collabore à l'association Professeurs/étudiants, acteurs, domiciliée à l'Université Paris 8.


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Les périphériques vous parlent, dernière mise à jour le 23 avril 03 par TMTM
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