Les périphériques vous parlent N° 1
JANVIER/FÉVRIER 1994
p. 1 et 60

Car la fondation d'un savoir est que la jouissance
de son exercice est la même que celle de son acquisition.

Texte extrait de Le Séminaire livre XX. de Jacques Lacan (éd. Seuil).


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Dans le numéro 0, nous avions manifesté l'idée d'une université comme lieu de vie et d'activité où élaborer des projets. En attendant, il faut vivre, simplement parce que la vie, elle, n'attend pas. Aujourd'hui, Les Périphériques participent à une vaste activité. Nous voudrions l'exposer brièvement.

Nous travaillons en ce moment au sein du Laboratoire de Changement. Ce laboratoire, dont les initiateurs sont Marc'O et Cristina Bertelli, est installé pour le moment dans un pavillon de l'Établissement Public de Santé de Ville Evrard, que M. Marchandet, directeur de l'établissement, a mis à notre disposition. Des jeunes, des adultes de tous milieux, de toutes disciplines, des étudiants, des professeurs, des chercheurs, des acteurs, des musiciens, des danseurs, des chômeurs, et bien d'autres y travaillent, tant au plan pratique que théorique, abordant les problèmes complexes que pose la crise aux différents espaces de la vie, que ce soient la société, le monde du travail, la formation, les expressions vivantes, la culture...

Des productions ont vu le jour, issues d'un travail très poussé sur la différence de comportement entre l'acteur et l'interprète. Elles concernent, en tout premier lieu, la musique et « la théâtralité ». Par exemple, les « nœuds », publiés dans le numéro 0, sont à la base d'une pièce (vingt minutes) d'un type tout à fait particulier, dans laquelle paroles, gestes des acteurs et musique conjuguent un même mode d'expression. Le travail sur le plan de l'expression scénique évolue autour de Marc'O pour la conception, la recherche et la direction d'acteur, et de Jean-Charles François, directeur Musical du centre de formation à l'enseignement de la Danse et de la Musique à Lyon, pour la musique. À la suite, deux autres pièces (vingt minutes chacune elles aussi) ont été conçues. Elles sont le résultat d'un travail engagé par les concepteurs, les réalisateurs, les acteurs et les musiciens. Ce long travail a donné naissance à une production acteurs/musiciens : Génération Chaos Musique.

Depuis le mois d'août, ces deux pièces ont été présentées chaque dimanche à Ville Evrard, à une assistance susceptible de se joindre aux projets ou au travail en cours, présentations que nous poursuivons le dimanche après-midi. - Tous ceux qui veulent y participer sont les bienvenus : téléphoner à la rédaction pour l'heure et l'adresse exactes. - D'autre part, signalons que la première présentation publique des trois pièces accompagnées de dialogues et de discussions a eu lieu au lycée agricole la Saussaye de Chartres, le 16 novembre dernier (Cf. brève correspondante).

La formation Génération Chaos Musique est accompagnée d'un chœur. Il est formé d'individus qui ne se destinaient pas particulièrement à l'expression théâtrale ou musicale. Le chœur n'est pas un substitut du public. Il est plutôt le public lui-même, qui reprend possession de la scène de la vie, d'où on l'avait chassé.

Nous comptons présenter maintenant nos activités dans les universités, dans les MJC, dans les salles de concert, enfin dans tous les lieux où l'on ne se borne pas à consommer 1h30 de spectacle et de musique, dans tout espace, en somme, où il sera permis à l'art d'apprendre à toucher la vie. Ceci à travers le débordement de la représentation scénique, à travers discours et interventions multiples qui lient expression artistique aux problèmes socio-politiques. « La poésie doit avoir pour but la vérité pratique » disait Lautréamont.

Les périphériques vous parlent se veulent partie prenante d'une culture à faire « au présent », culture qui doit émerger aujourd'hui. La culture n'est pas donnée. Elle se fait.

Dans le numéro 2 nous vous tiendrons au courant du développement des diverses activités autour du journal et des dates des représentations publiques de Génération Chaos Musique.


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La difficulté d'être jeune

On nous dit que l'époque est difficile, comme si nous ne le savions pas ! Nous les pays riches, nous les occidentaux aurions vécu les « trente dernières glorieuses années de croissance » à un niveau de vie que le monde nous enviait, en somme au-dessus de nos moyens. Maintenant, il faut payer.

Mais qui va payer ? Comme toujours, sans trop le dire, on pense surtout aux jeunes, « les jeunes à tout asservis », au meilleur quand les temps sont bons, au pire quand ils sont mauvais. Nous sommes entrés, de plain-pied, dans le pire : « quand les parents boivent, les enfants trinquent ». Donc, à notre génération, d'être sacrifiée ! Voilà la logique que l'on nous propose. Nous refusons cette logique.

Au cours des cinquante dernières années, nos aînés, enfin quelques-uns précisent les historiens, ont dû et ils ont su affronter des situations bien plus dangereuses, entre autres, l'occupation avec la Résistance, puis la guerre de libération d'Algérie, ou dans une moindre mesure Mai 68. Certes, la situation aujourd'hui est toute autre, ces époques étaient fort différentes et les dangers, les risques pris alors, sans doute bien plus grands. De plus, l'ennemi à affronter était alors tout à fait repérable. Ce que nous voulons retenir, en l'occurrence, c'est qu'il y a eu des gens pour résister, s'opposer, lutter, se dresser contre la résignation, l'abandon, le scepticisme.

Notre ennemi, aujourd'hui, n'est ni l'occupant, ni même les forces réactionnaires organisées, ni quoi que ce soit de bien repérable. Nos ennemis sont bien plus sournois, ils se cachent derrière ces nébuleuses que sont :

Voilà bien les ennemis. Plus clairement encore, tous ceux qui laissent aller, parce qu'ils y trouvent encore un peu leur intérêt, et tout ceux qui suivent ou laissent faire.

N'acceptons pas cette fatalité : un monde demain gouverné par la loi de la jungle, monde où les mafias d'État et les mafias privées, où les intégrismes autoritaires nous pousseront à rejoindre des bandes de tueurs religieux ou patriotes qui se combattront dans une guerre civile sans issue. Nous ne voulons pas alimenter un Liban ou une Bosnie de plus. Nous refusons cet avenir.

Nous ne voulons pas plus d'une société et d'un monde à deux vitesses qui ne ferait que multiplier les conflits : privilèges contre privilèges, caste contre caste, groupe de pression contre groupe de pression, misère contre misère. Pas question de se résigner au pire pour garder ce monde en l'état.

Surtout que l'on ne nous dise pas d'attendre des temps meilleurs. Les temps meilleurs ne tombent pas du ciel. Ils ne sont jamais le fruit de l'attente. Les temps meilleurs, c'est à nous qu'il il revient de les concevoir, autrement il n'y aura pas de temps meilleurs. Le meilleur est, encore et toujours, de vivre pleinement sa jeunesse. Pas de la sacrifier sur les autels de l'austérité. Ne supportons pas de représenter la « génération victime », plutôt se battre pour être la génération « de toutes les différences solidaires » pour un même avenir.

Il n'y a rien de pire que la résignation, l'attente, la patience. C'est pourquoi, nous crions : « répondez à l'impatience de la jeunesse ». Notre position est nette : nous donner un présent qui ait un avenir.

C'est cela qu'il nous faut bien comprendre. Nietzsche nous avise : « Seul celui qui agit, comprend ». Une logique s'ensuit. Elle nous dit, et cela pourrait donner lieu à « un nœud » :

Conclusion :

C'est un but de vie. Faisons en sorte qu'il soit celui de notre génération.

« Un éveil de notre génération » est aujourd'hui une exigence impérative. Personne ne nous sortira du marasme. Il nous faut en sortir par nous-mêmes. Notre force, si force il doit y avoir, c'est nous, nous les jeunes, tous ceux qui veulent le devenir, quel que soit leur âge, car, affirmons-le : n'est pas jeune qui veut, « il faut s'y appliquer ». C'est là un des objectifs de ce journal.

La Rédaction


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contributions

États des (non-)lieux

Mathilde :
Le royaume du planning



Cahier

Federica Bertelli :
Dans le hors-champ de sa vie, il va à la recherche de ses pas

Yovan Gilles :
Salle d'amour et Psyché

Federica Bertelli, Anne Calvel et Yovan Gilles :
Entretien avec I. Sokologorski, présidente de Paris 8

Yovan Gilles :
Entretien avec G. Castegnaro, président du C.J.D.

Thierry Masquelier :
L'entreprise citoyenne

Jérémie Piolat et Christopher Yggdre :
Entretien avec André de Peretti



La famille en acte

Violette :
Silence on tourne



Federica Bertelli et Yovan Gilles :
L'information n'est pas un dû mais une pratique

Catherine Claude :
Ceux qui disent que ça vous passera...

Valérie Naudin :
Rebels with or without a cause

Serge Wilhelm :
Simples Réflexions !

Lewis Carroll :
« Lettre de Charles L. Dogson à Henrietta et Edwin Dogson »

Cinq textes d'élèves du Lycée La Saussaye de Chartres

Fadil Hammas :
J'ai fait un trou dans ma chaussette

Nicolas Louis :
Jeunesse et travail de rage

(chanson)
On peut toujours attendre

L'habit fait le moine, mais le moine est un autre homme

Christopher Yggdre :
Jeunesse dangereuse

Jérémie Piolat :
Il ne faut pas laisser n'importe qui penser pour le bien de tout le monde

Pascal Galy
Sous-France de n'a qu'un œil

Marc'O :
L'homme disqualifié

Extraits d'un entretien avec Jean-Paul Sartre :
L'Alibi

Yovan Gilles :
1994 : Seuil historique pour la jeunesse



Courrier

Mathieu :
Il est préférable de ne pas vivre, que de vivre au milieu des sots

Lettre d'une étudiante

Un lycéen du Lycée Voltaire à Paris :
Vermines & Lycées


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Contributions

Numéro réalisé avec l'aide de :

Action Culturelle et Artistique de l'Université de Paris 8
Présidence de l'Université de Paris 8
 

U.F.R. 1 : Arts, Philosophie, Esthétique. U.F.R. 8 : Communication, Animation, Psychanalyse, Éducation, Didactique.
U.F.R. 2 : Pouvoir, Administration, Échanges. U.F.R. 9 : Institut français d'Urbanisme.
U.F.R. 3 : Territoires, Économies, Sociétés. U.F.R. 10 : Institut d'Études européennes.
U.F.R. 4 : Littératures, Histoire, Sociologie. INSTITUT Maghreb/Europe.
U.F.R. 5 : Langues, Sociétés, Cultures étrangères. INSTITUT universitaire de Technologie.
U.F.R. 7 : Psychologie, Pratiques cliniques et sociales. INSTITUT universitaire professionnalisé

Remerciements : Jérôme MAlLLOT, Phourisamphan ANOTHAI, Agostinha DA SILVA, Annabelle DOS SANTOS, Sandrine FISTON, Fadik ERDEMIR, Bernard NAUDIN, Patrice CALVEL, Agence CALVEL, Denise et Albert GUILBERT, Sophie FAVREAU, Pascal BONNEFILLE, Christophe THIBAULT, Magasin LEVIS (Chartres), Nathalie SOYE, Denis MOREAU, Maurice MALLET, Gilbert LEON, Gianna, Catherine PANDRAUD, SIGEA, Annie VACELET, Mr BAILLON, la JEC, Jean Michel MALVY, Béatrice PIERRE, Diara, Candido DOMINGUES, STRAGEST, Jean ROURE (Univers Mac)
à l'Atelier PATRIX pour la maquette et sa réalisation.

Comité de rédaction : Federica Bertelli (directrice de la publication), Anne Calvel, Anne Cheptou, Yovan Gilles, Freddy Daniel-Godineau, Christopher Yggdre.

ISSN N° 1246- 2314, Commission paritaire en cours, dépôt légal à parution
Imprimé en France - JOUVE. 18, rue St. Denis 75001 Paris


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Les périphériques vous parlent, dernière mise à jour le 25 avril 03 par TMTM
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