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Numéro 30 WEB
Les conditions du lisible 2 : Les conditions initiales
photo d’Alexandre Chemla
Par Marc’O |

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Et avec la parole, la femme et l’homme découvrent l’harmonie, ne cesse de la créer, les chinois vous le diront. La passion de l’harmonie introduit le poïétique. Un terme que je vous rappellerai souvent.

Je reprends.

Le commencement émerge lentement, pendant des siècles sans doute, il éclate en bruits de voix qui deviennent la parole pour donner la langue qui énonce, enfin :

Au commencement était le verbe.

L’hypothèse de l’émergence d’une particule infinitésimale, moi.

- Et après ?
- Et après, il y a le moi, indéfinissable par moi que je finirai quand même par définir parce qu’il y a les autres qui veulent savoir qui je suis.
- Qui es-tu ?
- Rien encore.
- Pourquoi rien ?
- Parce que le verbe, c’est la complexité.

Le temps passant, ce message soudain :

« Le terme fractal forgé à partir du latin fractus (du verbe frangere
qui signifie « briser ») souligne le caractère fractionné à l’infini de
ces ensembles présentant des irrégularités à toutes les échelles. »

Je reprends.

Au commencement,

il y a moi, un peu plus détendu, plongé dans un « kékechose » qui se nomme le big-bang, un moi indiscernable, de près comme de loin, dans ce big big big bang, une explosion en train d’exploser, pour l’éternité peut-être, un moi particule défini par un terme, le neutrino, une dérivation diminutive du neutron.

Au commencement,

je parlerai du moi dont la perception est aussi aléatoire que le neutrino, du moi en moi, difficilement saisissable, sinon par le vocable ego.

Attention à l’homophonie,

je n’évoque pas par là le pluriel « égal », comme dans « nous sommes tous égaux », mais un jeu de mots qui révèle, incidemment des dérives particulièrement signifiantes, tout un art si l’on s’en rend capable. À cet égard, je suis enclin à détourner le sens de la locution « nous sommes tous égaux » dans l’idée que « l’ego en moi est égal à tous les autres égaux ». Vous voyez à quoi ça sert la parole. Vous voyez à quoi servent les mots. Les mots s’entendent. Les maux sont alors des mots. La parole s’écrit et la confusion s’en va et revient. Mais leur rencontre finira par créer la musique. Dans le meilleur des cas. Pour le reste, les affaires courantes et nous derrière à courir après, c’est le bruit. Le bruit de la volière des oiseaux piaffeurs.

Au commencement,

j’ai trouvé le chaos et j’ai essayé d’y mettre un peu d’ordre. Si j’ai mis « y » en gras, c’est pour parler du chaos en moi, à un moment où je me questionnais sur mon ego à moi. Je me disais qu’habituellement, ego et moi sont considérés comme deux synonymes, mais la locution ego en moi laisse entendre que l’ego doit être placé en dehors de moi pour être perçu. C’est mon ego que je juge quand je parle de moi. Un inné moi, parle de son acquis qu’il qualifie alors d’ego.

C’est pourquoi je dis que le moi est indéfinissable, indéfinissable par moi.

Heureusement il y a les autres. Les amis et les ennemis.
Les ennemis en moi, les pires, et les autres, à l’extérieur de moi,
un peu partout autour de moi que j’essaie d’oublier.

J’en resterai à mes amis qui m’ont beaucoup aidé pour que je mette dans tous ça, la vie, un peu du mien. Croyez-moi, je parle de beaucoup de gens, ceux qui m’ont poussé aux lectures aventureuses, les autres qui m’ont offert leurs amitiés, les plaisirs de la vie, certains encore - plus rares, le temps passant - avec qui j’ai partagé mes joies, mes emmerdes, comme dit le chanteur, et puis ceux à qui je suis redevable, ceux-là qui ont éclairé le chemin ou m’ont éblouis par leurs actes, leurs gestes, réconfortés d’un sourire, ceux qui m’ont accueillis avec une chaleur qui me réconciliait avec le monde.

Et puis parmi tout cela, tous ceux-là, il a y mes très proches, que je ne citerai pas par ordre alphabétique. J’y renonce parce que je ne veux pas marquer mes préférences. D’ailleurs, je les préfère plus les uns que les autres, plus les autres que les uns, vous voyez. Alors, pas de liste alphabétique, mais au hasard des rencontres, du présent de l’écriture, je veux dire du récit en train de se faire, de s’écrire et de se parler, un nom propre ou un prénom, soudain...

Je n’ai pas terminé ma phrase que Cristina me demande :

- Reviens-en à la complexité, je voudrais connaître, ton sentiment, à la lettre près.

Interloquée, je bafouille.

- Tu veux dire, mon sentiment, en général ?

Elle insiste.

- Non, à la lettre près.

Lire la suite : De la complexité