Productions
     ACCUEIL LES PERIPHERIQUES VOUS PARLENT RECHERCHER
         
Numéro 23 WEB
Energies, Gaz à Effet de Serre, Température
photos de Andrea Paracchini

Sommaire->Un autre Grenelle de l’environnement : diagnostic planétaire.

Imprimer


Yovan Gilles : Le grenelle de l’environnement de cet automne a préconisé un certain nombre de mesure pour conjurer les effets du réchauffement climatique, essayer d’infléchir sur ses causes, en restreignant l’émission des gaz à effets de serre. Il y a beaucoup d’effets d’annonce dans ces mesures bien évidemment. Jean-Luc Ménard a effectué un gros travail ces dernières années afin de mieux cerner ces problèmes et prendre l’exacte mesure de ce qui se passe actuellement au plan environnemental. Il est également l’auteur d’un ouvrage prospectif (L’an 2093), comprenant des recherches indépendantes sur les questions environnementales, pas simplement pour faire un état des lieux, d’ailleurs alarmiste car la situation est alarmante, mais pour envisager des solutions à des problèmes réels dont l’ampleur peut être minimisée au nom des logiques économiques. Donc aujourd’hui, je proposerai à Jean-Luc de nous faire une sorte d’état des lieux, concernant ce premier volet lié aux énergies, aux gaz à effets de serre et à la température. On y va, Jean-Luc ?

Limites des énergies renouvelables

Jean-Luc Ménard : On y va ! Donc effectivement, premier volet consacré à tout cela. En fait il y a, comme vous l’avez dit, beaucoup de voilages de réalités, et puis aussi il y a du flou sur l’imminence d’un certain nombre de phénomènes. Donc on va essayer de cerner tout cela assez précisément. Par exemple, on peut commencer par une des solutions envisagées : les énergies renouvelables. Souvent elles sont présentées comme des solutions efficaces. Nous verrons ce qu’il en est. Par "énergies renouvelables", on entend l’hydraulique, et puis ce qu’on peut appeler "l’éolaire", c’est-à-dire l’éolien et le solaire.


Pour l’hydraulique, ce qui se passe, c’est que selon la Commission Mondiale des Barrages, qui est une émanation de la banque mondiale, il y a sur la planète 848 000 barrages environ, dont 48 000 grands barrages qui stockent chacun au moins 3 millions de mètres cubes d’eau. Et le problème avec ces 848 000 barrages, c’est que dans le même temps, suite au réchauffement climatique, il y a trois milliards de tonnes de sols qui sont enlevés par les vents, suite à l’aridification et à la désertification et qui, évidemment, trouvent des points d’accueil particulièrement favorables dans les 848 000 "récipients", en quelque sorte, que représentent les barrages. Par conséquent, il y a un envasement de ces 848 000 barrages et, couplé à la raréfaction de l’eau, évidemment leurs rendements énergétiques s’en ressentent. Par exemple, prenons le cas de la Suède. Selon les années, s’il y a suffisamment d’eau, on a une production de 63 terawatts.

Yovan Gilles : "Terawatts" ? C’est-à-dire ?

Jean-Luc Ménard : 1 Terrawat, ce sont 1 000 milliards de watts. Et quand il n’y a pas suffisamment d’eau, cette production baisse à 25 terawatts, et la Suède n’est pas un pays particulièrement défavorisé quant à la pluviométrie.


Passons maintenant à l’éolaire, c’est-à-dire à l’éolien et au solaire, embrassant la surface qu’il faut consacrer aux panneaux solaires, aux capteurs solaires, aux tuiles solaires, éventuellement aussi à d’autres équipements et, bien entendu, aux aérogénérateurs, qui sont les noms des éoliennes. La consommation électrique planétaire actuelle est de 16 000 terawatts, 16 000 fois 1 000 millards de watts, et pour que l’éolaire, avec un rendement moyen d’1Mgw par an et par m2, représente ne serait-ce que 10 % de cette consommation électrique planétaire, il faudrait y consacrer, équiper, environ 1 million 600 000 kilomètres carrés pour 10 % seulement de la consommation électrique. Cela fait presque trois fois la France !

Yovan Gilles : Trois France équipées d’éoliennes ?

Jean-Luc Ménard : Oui, ou de panneaux solaires.

Yovan Gilles : C’est jouable.

Jean-Luc Ménard : Pas sûr : rien que pour éviter l’emballement des prix agricoles, il faudrait 2 milliards 800 millions d’hectares supplémentaires...

Yovan Gilles : Ah ! Trois France, cela fait un tiers de l’Australie.

Jean-Luc Ménard : À peu près... Justement l’Australie, c’est presque la surface qu’il faudrait consacrer à l’éolaire pour qu’il représentât 50 % de l’actuelle consommation planétaire d’électricité.
Mais prenons un exemple concret : l’Allemagne, où les aérogénérateurs sont opérationnels depuis longtemps. Et en fait, d’après un récent rapport du gouvernement allemand, chacun des 20000 aérogénérateurs, installés sur 4 000 kilomètres carrés en Allemagne, ne produit de l’électricité que pendant 58 jours, c’est-à-dire que pendant 307 jours, il n’y pas de production d’électricité.

Yovan Gilles : Par défaut de vents ?

Jean-Luc Ménard : Par défaut de vents ou par vents trop importants. Parce que les aérogénérateurs sont arrêtés, pour des raisons de sécurité, quand le vent dépasse 90 km/heure.
Deuxième exemple, l’Espagne qui, outre le fait d’être le numéro deux européen pour les aérogénérateurs, est le numéro un européen de tout ce qui est solaire (et dispose de plus de 1250 grands barrages) : en Espagne, il y a 581 000 m2 de panneaux solaires depuis au moins une douzaine d’années, et ce pays, entre 2001 et 2005, a malgré tout vu croître ses émissions de gaz à effet de serre de 53 %.

Yovan Gilles : C’est énorme !

Jean-Luc Ménard : Cela interroge sur les rendements des énergies renouvelables. Donc une contribution : oui. Mais penser qu’on va pouvoir résoudre la question de la consommation énergétique toujours croissante par des énergies renouvelables, cela paraît un petit peu difficile. C’est par exemple l’avis de l’Agence Internationale de l’Energie. En effet, dans deux rapports publiés, l’un en 2006 et l’autre en mars 2007, l’AIE a estimé, qu’à mode de vie inchangé, il y aurait une croissance du total des énergies consommées de 66 % d’ici à 2030, dont 50 % de croissance pour l’énergie électrique. Par ailleurs, elle estime aussi que l’énergie nucléaire est une énergie très coûteuse, puisque selon l’AIE, l’énergie nucléaire revient environ à de 500 à 2 000 dollars le kWh.

Yovan Gilles : Elle est très coûteuse, mais elle est très rentable.

Jean-Luc Ménard : Elle est très rentable, mais elle est très lourde en investissement : par exemple, pour construire une centrale nucléaire, c’est environ 2 milliards et demi d’euros (3,2 milliards pour le type EPR) ; il ne faut pas oublier qu’il faut la démanteler à un moment donné : c’est environ 1 milliard d’euros par centrale ; il faut l’alimenter, or le prix de l’uranium était en 2004 de 20 dollars le kilo, il est passé à 300 dollars en 2007. Et il ne faut oublier aussi qu’il y a des déchets radioactifs à enfouir. Or, un site d’enfouissement est estimé jusqu’à environ 15 milliards d’euros l’unité. Tout cela, selon l’AIE, conduit à la situation suivante : l’augmentation de la consommation d’énergie sera assurée chaque année, d’ici à 2030, à au moins 60 % par les énergies fossiles. Effectivement , c’est assez réaliste...

Réchauffement planétaire et consommation d’énergie

Yovan Gilles : L’énergie fossile c’est le charbon...

Jean-Luc Ménard : ...Charbon, pétrole, gaz. Evidemment, la conséquence, selon l’AIE, c’est que la concentration de gaz à effets de serre, en 2030, aura augmenté de moitié. C’est-à-dire qu’on est actuellement à 380 ppm (partie par million) ...

Yovan Gilles : Pouvez-vous nous en dire plus sur l’acronyme "ppm" ?

Jean-Luc Ménard : Oui : ppm c’est "partie par million", et cela signifie 1 cm3 de gaz à effet de serre dans 1 m3 d’air atmosphérique. Et donc, 50 %, aujourd’hui on est à 380 : si on divise 380 par 2, ça fait 190, si on les ajoute, cela fait 570 ppm en 2030. Or, le GIEC, Groupement Intergouvernemental d’Experts sur le Climat, a indiqué que lorsque l’on atteindrait 560 ppm, la température aura augmenté de 3°C. Par conséquent, à mode de vie inchangé, l’augmentation de température de 3°C par rapport à 1750 ne se situe pas en 2100, mais en 2030. Ces évaluations de l’AIE sont tout à fait corroborées par le GIEC lui-même qui, entre 2001 et 2006, a constaté que l’augmentation des émissions de gaz à effets de serre était de plus de 20 % ; et également par cinq équipes internationales : une japonaise, une française, une américaine, une australienne, une britannique, qui ont mesuré, aux quatre coins de la planète, et puis aussi dans l’ensemble de l’atmosphère, les émissions de gaz à effets de serre entre 2001 et 2005 : plus 33 %.

Si l’on fait une moyenne entre le GIEC et ces cinq équipes internationales, par période de 5 ans, on a bien une augmentation de gaz à effets de serre de 26 %. Ce qui en 2030 amène à une augmentation de 130 %. Et comme la moitié de ce qui est émis se concentre dans l’atmosphère, on a largement 50 % de plus de concentration de gaz à effets de serre en 2030. Donc, en fait, tout cela est assez cohérent : en effet 70 à 80 % des émissions de gaz à effets de serre émanent des extractions de matières premières, des transformations de ces mêmes matières en matériaux, des constructions, des productions de biens et de produits ; les fabrications de ces mêmes objets, biens et produits, tout cela en général avec des procédés thermiques qui nécessitent donc une fourniture de courant électrique qui soit régulière.

Or, les aléas inhérents aux énergies renouvelables, c’est-à-dire l’eau, le vent, le soleil, ne permettent pas d’alimenter toutes ces opérations. Et donc, nécessairement, à mode de vie inchangé, toutes ces opérations réclament soit des énergies fossiles, soit de l’énergie nucléaire. Et, bien entendu, entre une centrale à gaz naturel de 400 à 800 dollars le kwh, et une centrale nucléaire ou un aérogénérateur, de 1 500 à 2 000 dollars le kwh, il n’y a pas beaucoup d’hésitation... Donc, mécaniquement, plus il y a de production, plus il y a d’activité directe ou indirecte, plus il y a d’émission de gaz à effets de serre.

La deuxième partie de ces 70 à 80 % d’émissions de gaz à effets de serre, ce sont les acheminements, et puis également les déplacements de personnes : tourisme, travail, etc... Et là encore, seules les énergies fossiles peuvent fournir l’essentiel, voire la totalité de l’énergie, parce que l’électricité ne se stocke pas. Donc on ne peut pas avoir d’avions, de bateaux ou d’automobiles avec de l’énergie électrique stockée ; on peut en avoir pour de petits déplacements, mais pas pour des déplacements quotidiens relativement longs, et encore moins pour des déplacements exceptionnels.

Par conséquent, tout ces éléments font que, s’il n’y a pas d’action sur, d’une part, les productions et, d’autre part, les déplacements, il ne peut pas y avoir de diminutions de gaz à effets de serre. Donc les prévisions de l’AIE, les tendances observées récemment dans l’atmosphère par rapport à ces gaz à effets de serre, sont tout à fait cohérentes, et comme il n’est pas du tout à l’ordre du jour de prévoir des réductions de volume de production, des diminutions d’activités professionnelles ou des diminutions de déplacements, il y aura accroissement de cette concentration de gaz à effets de serre.

Pour ne citer qu’un seul exemple des conséquences de cela, si, en 2030, il y a 570 ppm dans l’atmosphère, au niveau agricole, il y aura pratiquement le tiers des terres actuellement cultivables qui ne le seront plus, et sur les deux tiers restants, on aura une diminution de 20 % des récoltes due au réchauffement atmosphérique. Ce n’est qu’un exemple...


Yovan Gilles : Ce qui est considérable.

Jean-Luc Ménard : Oui. Pour montrer l’importance de tous ces phénomènes, et bien voir que si l’on n’agit que sur les utilisations des biens, sur la manière de consommer, etc..., cela n’aura pratiquement pas d’effets, on peut prendre l’exemple de l’automobile. On améliore sans cesse en ce domaine les diminutions d’émission, seulement la puissance des moteurs, la distance parcourue par chaque véhicule, le poids de chaque véhicule, ainsi que le nombre de véhicules augmentant toujours, ces améliorations sont très largement surcompensées par tous ces phénomènes : globalement, il y a toujours augmentation des gaz à effets de serre issus du milliard 100 millions de véhicules actuellement en circulation sur la planète ; et il y aura toujours cet accroissement lorsque trois milliards de véhicules rouleront en 2030...

Yovan Gilles  : Les biocarburants préconisés posent des limites, puisqu’ils mobilisent des terres cultivables en surnombre, alors que ces terres sont justement destinées aux cultures, et que, pour produire une quantité marginale d’essence de colza, il faut quand même des surfaces assez considérables.

Jean-Luc Ménard : Il faut des surfaces considérables, et en plus une fertilisation artificielle intense. Seulement, quand on produit des engrais pour fertiliser intensément, se dégage un autre gaz à effets de serre qui, lui, emprisonne 300 fois plus efficacement la chaleur que le gaz carbonique : le protoxyde d’azote.

Yovan Gilles : Le "protoxyde d’azote"... cela sonne toxique cet éther, non ?

Jean-Luc Ménard : Ce n’est pas spécialement toxique, mais ce gaz emprisonne 300 fois plus efficacement la chaleur dans l’atmosphère que le gaz carbonique : donc, en fait, les agrocarburants vont augmenter le réchauffement climatique par ce biais, et ils vont aussi augmenter la pollution atmosphérique, parce que lorsque des combustions de végétaux ont lieu, il y a deux composés qui s’appellent acétaldéhyde et formaldéhyde, qui augmentent ce qui s’appelle l’ozone troposphérique, c’est-à-dire la pollution, les nuages de pollution. Donc les agrocarburants, qu’il faudrait plutôt rebaptiser "nécrocarburants", ont faux sur toute la ligne. Ils vont réchauffer le climat davantage, augmenter les trois kilomètres d’épaisseur de nuages de pollution et, en plus, supprimer des terres cultivables. C’est une solution iatrogène au problème de l’énergie.

Yovan Gilles : Quelles solutions à ce problème préconiser au niveau de la production automobile ? Diminution de la production automobile par exemple ? Parce que tout le problème qui s’est posé entre les pays dits "développés économiquement", et les pays en voie de développement, c’est le fait d’objecter, je cite un économiste, Riccardo Petrella : "La question environnementale n’est pas traitée de manière égale pour tout le monde, dans la mesure où il y a déjà des inégalités à la source qui font que ceux qui sont, dans les pays développés, dans un mode de vie relativement confortable, ont une voiture, voire deux voitures par foyer..."

Jean-Luc Ménard : Voire trois comme en Australie...

Evaluation des activités humaines et des besoins nécessaires

Yovan Gilles : ... Donc, on ne peut pas préconiser en Occident que les Africains ou que les Asiatiques continuent de circuler en vélo, sous prétexte que "la planète est en danger" alors que nous nous pratiquons le scooter des mers et faisons du shopping en TGV. Voilà un gros problème politique.

Jean-Luc Ménard : Ceci étant, ce qu’il faut bien voir, c’est que cette situation et les conséquences que nous verrons plus en détail dans le 3ème volet : "Nourriture, eau, oxygène", concernent 6 milliards et demi d’individus. Plutôt que de continuer dans cette voie, pourquoi ne pas évaluer toutes les activités professionnelles qui existent, avec une évaluation sur les matières premières consommées, l’énergie consommée, l’eau consommée, les gaz à effets de serre que cela induit, et la contribution à l’élévation de la température ? Une fois que l’on a fait cela, on peut très bien sélectionner des activités de production qui sont compatibles avec des émissions de gaz à effet de serre moindres que d’autres activités. Pour cela, c’est assez simple : il suffit de regrouper des données qui existent partout. On connaît très bien les bilans-matières de telle activité professionnelle, ou de telle autre, par exemple les activités de production mais également les activités de service. Tout cela est bien connu. Une fois que l’on a fait cela, on détermine un revenu d’existence pour chacun des 6 milliards et demi d’individus, revenu composé des biens qui relèvent d’activités émettant le moins de gaz à effets de serre. Par ailleurs on peut également allonger la durée de vie des biens.

Yovan Gilles : Là, c’est le contraire qui est préconisé surtout par les professionnels du marketing : c’est l’obsolescence accrue des biens.

Jean-Luc Ménard : L’obsolescence volontaire. Au lieu de cela, il est aisément possible de trouver des modes pour fabriquer des biens qui durent 40 ans, par exemple.

Yovan Gilles : C’était le cas dans la première moitié du XXème siècle.

Jean-Luc Ménard : Oui... Parce que des biens qui durent 40 ans suppriment de la production pendant ces 40 ans, donc il n’y a pas d’émissions de gaz à effets de serre. Par ailleurs, on peut aussi mettre en place une utilisation partagée d’un certain nombre de biens. Il y a toutes sortes de pistes pour déterminer un revenu d’existence qui serait le même, et qui serait composé de biens, et non pas d’argent. Ensuite, faire une comparaison entre les évaluations avec ces changements de modes de vie permettrait de bien voir les différences dans les conséquences. Parce que le problème est que ce réchauffement climatique, ces 3°C de plus en 2030 par rapport à 1750, ça signifie moins de nourriture, moins d’eau et probablement moins d’oxygène aussi, et ces trois éléments vitaux, sont tout à fait menacés.
Je pense que par le biais de ces évaluations, de détermination d’un revenu d’existence, et également de demande aux personnes de participer à cette investigation planétaire, il serait plus aisé de solliciter l’ensemble de la population planétaire à propos des contreparties qu’elle voudrait apporter en échange du revenu en biens qui lui serait alloué. Et également, bien sûr, évaluer ces contreparties, mais de préférence, des contreparties non productives telles que les citoyennetés, tout ce qui est information/médiation, créativités etc... Cela aussi s’évalue, bien sûr.

Mais certainement que cette voie, qui n’est malheureusement pas à l’ordre du jour d’ailleurs, serait une bonne chose : par exemple, un site internet de type "wiki", (comme wikipedia) : tout le monde pourrait contribuer à ces évaluations, ne serait-ce que par l’évaluation de sa propre activité professionnelle, par exemple, parce que les éléments à économiser existent partout, sous forme électronique ou papier. On sait exactement ce que telle activité professionnelle induit comme consommation d’eau, de matière première, d’énergie, etc... Donc c’est assez facile à faire.

Réchauffement : entre 3 et 9°C prévus pour 2030 (par rapport à 1750) - le problème du méthane

Yovan Gilles : Quelles sont les autres solutions préconisées pour répondre au réchauffement climatique inévitable, qui paraît devoir être à la fois une fatalité, et en même temps, un problème peut-être mal posé, dans la mesure où on en sous-estime l’ampleur à court terme ?

Jean-Luc Ménard : Tout à fait, et vraiment à court terme, si on peut estimer que 2030 c’est le court terme, et effectivement ça l’est. En effet, et répétons-le, les prévisions par le biais de l’AIE, à mode de vie inchangé, 3°C de plus en 2030 par rapport à 1750, et ces prévisions sont peut-être sous estimées. Pour citer un autre exemple, le scientifique Britannique James Lovelock, lui, indique que d’ici 2030, il y aura 8 à 9°C de plus par rapport à 1750. Alors sur quoi se fonde-t-il pour prévoir cela ? En fait, il prend en compte des éléments que pour l’instant le GIEC n’a pas voulu, ou n’a pas encore, intégré dans ses prévisions de température. Ainsi, peut-on citer, parmi les éléments que prend en compte ce scientifique, trois exemples, tout à fait clairs :

- Tout d’abord, il faut savoir que le gaz carbonique est seulement l’un des gaz à effet de serre. J’ai évoqué le protoxyde d’azote tout à l’heure, qui est essentiellement produit par le biais des engrais, etc... Mais il y a également le procédé qui a remplacé, dans les systèmes de réfrigération et de climatisation, les anciens C.F.C. ChloroFluoroCarbures, qui s’attaquaient à la couche d’ozone. Maintenant ce sont les HydroChloroFluoroCarbures qui sont employés et, effectivement, ils ne menacent pas la couche d’ozone ; mais ils emprisonnent environ 4000 fois plus efficacement la chaleur dans l’atmosphère que le gaz carbonique. Donc on a déplacé un problème : c’est-à-dire que la couche d’ozone se rétablit à peu près, mais ce gaz à effet de serre réchauffe davantage l’atmosphère tout en y demeurant environ 1000 ans (contre environ 200 ans pour le co2). On peut également citer le dioxyde de souffre qui est un gaz à effet de serre émanant des centrales à charbon, l’ammoniac, etc...


Et trois équipes scientifiques se sont intéressées justement à la coexistence entre cette bonne dizaine de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour voir comment ils réagissaient les uns avec les autres. Ce sont l’Institut de Climatologie de Potsdam en Allemagne, le Centre d’Hydrologie de Grande Bretagne et l’Université de Wageningen aux Pays-Bas, qui ont mesuré et observé que l’existence dans l’atmosphère de ces quelques dizaines de gaz à effet de serre aboutissaient certainement à augmenter la température de l’atmosphère de presque la moitié.
Le GIEC estime que, en gros, il y a eu un degré de plus de réchauffement climatique depuis 1750. Il ne l’estime qu’avec le gaz carbonique, un peu le méthane, un peu le protoxyde d’azote. Eh bien, ce que ces trois équipes ont déterminé, c’est que le fait que cette dizaine de gaz à effet de serre se trouvent ensemble dans l’atmosphère, ça représente pratiquement ½ degré de plus, c’est-à-dire que c’est un phénomène rétroactif. Ce scientifique Britannique, James Lovelock, prend en compte cela.

- Deuxième exemple que l’on peut prendre, ce sont les hydrates de méthane qui sont emprisonnés dans le permafrost, ou dans les tourbières, ou au fond des mers, des océans et qui, sous l’effet général du réchauffement climatique, se transforment en gaz de méthane.

Yovan Gilles : Notamment avec le dégel des surfaces...

Jean-Luc Ménard : Tout à fait, notamment. Et cette transformation fait que ce gaz de méthane monte dans l’atmosphère. Or, en tout, il y aurait selon la bonne dizaine d’observations scientifiques qu’il y a eu de ce phénomène (qui a même été filmé) par l’Institut de Biologie Arctique d’Alaska, l’université de Tomsk, celle de Cranfield, etc... Ce gaz de méthane monte dans l’atmosphère et, en tout, il y aurait 3 600 milliards de tonnes d’hydrates de méthane qui seraient susceptibles de se transformer en gaz de méthane(1cm3d’hydrate devient 160 cm3 de gaz), soit 450 fois les émissions de gaz carboniques annuels. Donc le méthane monte, puisqu’il est transformé en gaz sous l’effet du réchauffement, et il emprisonne la chaleur atmosphérique 20 fois plus efficacement que le gaz carbonique. Là encore, c’est un phénomène que ce scientifique, James Lovelock, prend en compte dans son estimation.

Et puis, un troisième phénomène, qui est mal quantifié, c’est la vapeur d’eau. En principe lorsqu’il y en a dans l’atmosphère, elle se condense et elle retombe sous forme de pluie. Seulement, sa condensation n’est-elle pas entravée par une moindre émission de sulfure de diméthyl, émanant du phytoplancton, qui, oxydé par l’air, contribue à la formation de goutelettes ? A cet égard, on peut citer une mesure qui a été réalisée par des scientifiques Suisses du World Radiation Center de Davos : entre 1995 et 2002, ils ont, de manière très suivie, mesuré ce qui contribuait au réchauffement de l’atmosphère surplombant l’Europe toute entière avec des capteurs, des instruments, etc... Et ils sont arrivés à une conclusion assez surprenante : c’est qu’en fait, 70 % du réchauffement atmosphérique au-dessus de l’Europe était dû à la vapeur d’eau, et seulement 30 % au gaz carbonique et aux autres gaz à effet de serre. Ce qui fait que si ce mécanisme de condensation de la vapeur d’eau ne se fait plus, alors qu’il y en a de grosses quantités qui vont dans l’atmosphère, il y a une hypothèse qui fait que, en ce cas, la vapeur d’eau se transforme en gaz, et en gaz à effet de serre. Et qu’une fois qu’elle est transformée en gaz, elle ne peut plus se condenser et elle reste dans l’atmosphère, et donc participe au réchauffement de cette même atmosphère.
Ceci n’est q’une hypothèse, mais le GIEC ferait bien de mesurer et de s’intéresser à la vapeur d’eau, parce que selon de nombreux scientifique, dont le Français François Ramade par exemple, il y a, selon les latitudes, entre 3 et 30 fois plus de vapeur d’eau que de gaz carbonique dans l’atmosphère. Et également, selon d’autres scientifiques, à elle seule, la vapeur d’eau serait susceptible d’élever la température atmosphérique d’un degré(chaque gramme de vapeur d’eau libère 2000 joules dans l’atmosphère lorsqu’il se condense).

Ces phénomènes : la rétroaction des gaz à effet de serre entre eux dans l’atmosphère, tout ce qui est montée de gaz de méthane, et également l’évolution de la vapeur d’eau, expliquent que le scientifique Britannique James Lovelock estime 8 à 9°C l’augmentation de température en 2030 par rapport à 1750 : c’est peut-être excessif, mais peut-être seulement.

Yovan Gilles : 8 à 9°C, c’est considérable.

Jean-Luc Ménard : C’est tout simplement l’emballement climatique.

Yovan Gilles : C’est cataclysmique.

Jean-Luc Ménard : Oui, c’est la fin. En fait, ça atteindrait la même température qu’il y a 250 millions d’années ; et lorsque cette température a été atteinte, 95 % des organismes vivant alors sur la planète ont péri par étouffement, par manque d’oxygène.

Yovan Gilles : Alors ce qu’il faudrait peut-être essayer de comprendre... C’est un petit volet, je ne sais pas si Jean-Luc, vous-vous êtes penché dessus. Est-ce-qu’il y a des expériences de laboratoire pour essayer de prendre la mesure de ces phénomènes là ?

Jean-Luc Ménard : Oui, mais souvent ces mesures se font ou dans l’atmosphère, ou sur les sites de méthane : permafrost, tourbières, fond des océans.

Yovan Gilles : Mais, par exemple, notamment sur le fait que la vapeur d’eau n’arriverait plus à se condenser, est-ce qu’on a des moyens d’investigation de laboratoire ?

Jean-Luc Ménard : Bien sûr, mais malheureusement le GIEC ne semble pas encore s’être intéressé à cela, alors que de nombreux scientifiques s’interrogent sur ce qui serait l’évolution de la vapeur d’eau. Vu toutes ces incertitudes, ce serait une bonne chose que le GIEC clarifiât ce point par des contres-mesures, des contre-observations, etc... Pour voir vraiment ce qu’il en est.

Yovan Gilles  : Surtout on peut être en droit de se poser, de savoir qu’en est-il de l’indépendance...

Jean-Luc Ménard : Effectivement, c’est une bonne question.

Yovan Gilles : C’est tout le problème que nous avions évoqué avec Vladimir Tchertkoff par rapport à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. On sait que les collusions ne sont pas fatales, inexorables, entre pouvoirs scientifiques et pouvoirs militaro-économique, en l’occurence en ce qui concerne le nucléaire, et les Etats qui ont des intérêts colossaux, notamment la France, à travers la promotion, le développement de l’énergie nucléaire. Mais il y a quand même des circonstances qui rendent quelque peu aléatoire une certaine objectivité. Il faudrait à la fois qu’il y ait une expertise, et en même temps des contre-expertises. Les contre-expertises par rapport aux expertises légitimes, légitimées, existent. Mais on se trouve dans le cas présent en présence d’une sous-évaluation des effets du drame...

Jean-Luc Ménard : Et de l’imminence aussi.

Yovan Gilles : ... De l’effet de serre. Bien évidemment, il ne s’agit pas non plus de dire :"c’est vrai, Monsieur Lovelock a raison".

Jean-Luc Ménard : Ceci étant, il y a quand même pas mal de résultats de recherches scientifiques sur tout cela qui vont dans le même sens, que ce soit pour la vapeur d’eau, le méthane, tout ce qui est rétroaction, et puis d’autres phénomènes, comme par exemple l’impact de la déforestation, ou du moindre effet de l’albédo dû à la fonte des glaces : là aussi, il y a des études qui ont été faites.

Quant au GIEC et à son indépendance : jusqu’en 2003, le GIEC était présidé par un scientifique qui s’appelle Bob Watson, qui est un Britannique spécialiste de l’atmosphère. Et puis, fin 2003, Bob Watson a du s’en aller, et laisser la place à un économiste, issu d’un pays émergent, ce qui n’est pas indifférent. En effet, la seule solution pour éviter de manquer de nourriture, d’eau et possiblement d’oxygène, en 2030, étant de réduire les activités économiques, la nomination à la tête du GIEC d’un économiste indien n’est probablement pas innocente.

Yovan Gilles : Y a-t-il des recherches actuellement menées pour aboutir à la production artificielle d’oxygène, dans des quantités suffisamment considérables pour compenser cet éventuel déficit en oxygène ?

Déchets radioactifs : la poubelle introuvable

Jean-Luc Ménard : A ma connaissance, il n’y en a pas. Parce que l’oxygène est considéré comme invariable, mais on verra lors du 3ème volet de cet autre Grenelle de l’environnement, que le gros problème des productions artificielles, quelles qu’elles soient, c’est qu’à chaque fois, il faut de l’énergie, des matières premières et de l’eau. En fait, les solutions ne sont pas techniques, elles ne sont pas technologiques, les technologies ne font que déplacer les problèmes en général, quand elles ne les aggravent pas.

Par exemple, avec l’énergie nucléaire se pose le problème des déchets, problème bien connu. II est envisagé de les enfouir, de même qu’il est envisagé d’enfouir le gaz carbonique. Seulement, chaque jour sur la planète, dans les entrailles de la planète, il y a environ 10 200 séismes souterrains et sous-marins : si on enfouit du gaz carbonique et, à fortiori, des déchets nucléaires, est-ce qu’avant, on a fait une cartographie de ces séismes pour voir s’ils ne concernaient que les grandes profondeurs, par exemple, ou bien si ces phénomènes concernent même les profondeurs de quelques centaines de mètres ?

Yovan Gilles : Parce que les déchets nucléaires sont enfouis dans des profondeurs considérables.

Jean-Luc Ménard : Non, ils sont intégrés à des collines, par exemple, ou ils sont vitrifiés, ou il y a également quelques déchets dans des fûts à de faibles profondeurs océaniques.

Yovan Gilles : Donc, la vitrification atténue la radioactivité.

Jean-Luc Ménard : Oui... Enfin c’est censé produire cet effet. Disons que le projet phare, c’est de les enfouir. Mais c’est comme enfouir le gaz carbonique : est-ce qu’on a fait attention à ces 10 200 séismes souterrains et sous-marins qui se produisent chaque jour sur la planète ? Parce que selon la puissance de ces séismes, c’est l’équivalent d’1 kilo à 2 tonnes de trinitrotoluène, plus connu sous l’acronyme T.N.T., à proximité, voire sur un site d’enfouissement de carbone ou de déchets nucléaires, qui peut survenir.

C’est pour cela qu’à chaque fois qu’il y a une technologie d’employée, il faut bien en voir tous les aspects : ce n’est malheureusement pas souvent fait. C’est le cas dans l’exemple de l’énergie nucléaire, mais aussi avec les agrocarburants. En fait, ça augmente la pollution atmosphérique et le réchauffement climatique. Ce n’est pas la peine d’utiliser ces technologies. Et c’est également le cas, puisqu’on en parlait, de la vapeur d’eau, en tant que gaz à effet de serre très puissant, avec les technologies fondées sur l’hydrogène : les moteurs à hydrogène, les piles dites "à combustible" qui rejettent de la vapeur d’eau. Cette vapeur d’eau ira dans l’atmosphère et s’il n’y a pas suffisamment de possibilités de condensation, peut-être que ce sera un volume supplémentaire de gaz à effet de serre.

Une révolution des modes de vie et de production

Yovan Gilles : Donc on peut tirer une conclusion par rapport aux solutions : bien évidemment lutter contre le réchauffement climatique, la prolifération, la multiplication des volumes de quantité de gaz à effet de serre émise. Ce n’est pas simplement limiter notre consommation, c’est en quelque sorte révolutionner notre mode de vie, notre mode de production : nous y seront contraints quoi qu’il arrive.

Jean-Luc Ménard : Nous y seront contraints, ou alors nous assisterons à la montée des températures comme nous assistons à un spectacle, au lieu de tout faire pour l’éviter...
Mais si un point de non retour est atteint avant d’avoir mis en place une toute autre organisation humaine planétaire, ce sera terminé. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, il y a peut-être une dizaine d’années pour concevoir un revenu d’existence, des productions qui permettent de satisfaire des besoins vitalement vitaux, plus quelques envies ; mais au-delà, au rythme actuel, ne serait ce que 3°C de plus en 2030, ce sera extrêmement difficile pour la majeure partie de la population de continuer. Donc à fortiori, avec 8 ou 9°C supplémentaires.

Yovan Gilles : La radicalité des mesures susceptibles de répondre de manière efficace au réchauffement climatique pourront paraître totalement utopiques aujourd’hui et inapplicables.

Jean-Luc Ménard : Oui, seulement, prétendre pouvoir vivre sans suffisamment d’eau, de nourriture et d’oxygène, n’est-ce pas utopique ?

Yovan Gilles : C’est le grand problème actuel : à la fois cette vision du seul court terme, cette exaltation insensée des notions de croissance, cette reconduction permanente de crises de surproduction, cette conflictualité entre logiques globales et locales. Chacun sent une menace sourde, mais en même temps, on est tellement immergé dans les contingences, dans notre vie quotidienne et dans la poursuite de nos intérêts particuliers que, finalement, ce regard très inquiet que nous devrions porter sur le monde confine au final à l’abstraction.

Jean-Luc Ménard : Ceci étant, tout cela se concrétiserait si, par exemple, il y avait un site internet planétaire sur lequel on pourrait retrouver les évaluations des activités, mais aussi toutes les hypothèses : celles dont j’ai parlé aujourd’hui, et puis les autres dont je parlerai au cours des 2ème et 3ème volets. Si c’était vraiment bien indiqué sur un site en permanence, je pense que ça ferait prendre conscience beaucoup plus efficacement, puisque, comme vous le dites, c’est rendu abstrait par le fait que l’ensemble des dirigeants mondiaux masquent beaucoup de choses.

Propos recueillis par Jean-Luc Ménard et Yovan Gilles

Haut de page
Sommaire->Un autre Grenelle de l’environnement : diagnostic planétaire.

Principales sources :

  • Energies :
    • Renouvelables :
      • Les barrages plus polluants que les centrales à charbon,Infosdelaplanete.org
      • Les éoliennes pas si écologiques ,Matin Plus,19.04.2007
      • Chères énergies renouvelables, Le Monde,13.07.2007
      • Renewable energy projects will devour huge amounts of land ,Jesse Ausubel,The Guardian,25.07.2007
      • Combien coûte une éolienne domestique ? Aujourd’hui en France économie,22.10.2007
    • Nucléaire
      • Du prix de l’électricité nucléaire ,métro,03.07.2007
      • Cher uranium ,Le Monde,05_06.08.2007
    • Toutes sortes :Agence Internationale de l’Energie :
      • Les perspectives de l’énergie pour 2050 ;2006
      • Worldenergy,mars 2007
      • World energy outlook,novembre 2007
  • Gaz à effet de serre :
      • Sous l’effet du réchauffement ,les sols rejettent du carbone :Le Monde,09.09.2005
      • La production de gaz à effet de serre explose,20’,28.11.2005
      • Melting lakes in Siberian emit greenhouse gas,Nature,07.09.2006
      • Global and regional drivers of accelerating co2 emissions,PNAS,22.05.2007
      • Contributions to accelerating atmospheric co2 growth from economic activity,carbon intensity,and efficiency of natural sinks:PNAS,25.10.2007
  • Réchauffement global :
      • L’accumulation de la vapeur d’eau amplifie le réchauffement,20’,15.11.2005
      • Positive feedback between global warning and atmospheric co2 concentration infered from past climate change,Geophysical Letters,vol 33,2006
      • La menace de l’emballement climatique ,Science et Vie, février 2006
      • La fonte des sols gelés de Sibérie s’accélère et renforce l’effet de serre ,Le Monde,06.09.2006
      • Methane building from Siberian thaw lakes as a positive feedback to climate warning,Nature,07.09.2006
      • Only a decade left to avoid climate change,Institute of Public Policy Research,08.11.2006
      • Un risque d’emballement des températures ,Le Monde,30.01.2007
      • Le réchauffement du climat pourrait atteindre 3 degrés ,Le Monde,31.01.2007
      • l’Essor des agrocarburants pourrait aggraver le réchauffement climatique, Le Monde,25.09.2007
      • GEO4,avenir de l’environnement mondial, pnue ,25.10.2007