Les périphériques vous parlent N° 10
printemps 1998
p. 41-42

article précédent dans le n° 10 monter au tambour : à la découverte du Danmyé
l'art du combat
Tricentenaire Danmyé
Plage de l'Alise Figuier, Rivière-Pilote
photo : Cristina Bertelli

 
Dramatique danmyé de vie et de mort
Que déjoue sans cesse l'errance du marronnage
L'espace colonial quadrille la surface de l'île
jusqu'à l'extrême pointe de la caravelle
Pourchassant férocement les guerriers indomptables
Vivifiés de l'esprit de force et de courage
Transmis sans répit par le souffle rythmique
De l'inflexible tambour Kokoyé
Qui battant de lui-méme par-delà le temps
Au cœur immortel du vibrant colibri
Ouvre à l'in ni la ronde salvatrice
Depuis le point-mitan de la rédemption
Invisiblement croix-signé par la conscience
Au centre de chacune des vaillantes cases nègres
Dont la stratégie d'entraide en ses convois
A délimité l'emplacement alterné
En réponse à l'aliénante domination
Du grand quadrillage blanc
Et dans ce tricentenaire Damier culturel
La vieille résistance populaire nègre
Enracinée aux entrailles de la Guinée ancestrale
Poursuit en cadence le tracé de la survie
Jusqu'à faire école d'esprit de force et de courage
Dans l'âme d'une jeunesse passionnée
Qui redonne corps voix figure et devenir
A l'angulaire mémoire collective de la nation...
Presqu'île de la caravelle
Fouettés par la cruelle vision
Du ténébreux cachot
Qui vainement enchaîna
La lumineuse résistance de nos aïeux
Est-il possible de découvrir impassibles
Les vestiges d'un valeureux passé
Trop longtemps inaccessible à la conscience
Un mystérieux vertige s'empare de l'esprit
Et l'âme des esclaves marronneurs
Prisonnière de l'amnésie collective
Interpelle chaque visiteur antillais
Oui
Le château Dubuc n'est plus que ruines
Mais tout au fond de la baie du Trésor
Dans le corps d'un vieux gallion
Dix mille guinées d'or pur attendent encore
Les dix mille rayons de soleil
Qui révéleront enfin à la raison incrédule
Les richesses angulaires cachées
Dans le cœur naufragé de ce pays...

 

Daniel Fatna

Richesses angulaires

Extraits de la brochure ASOU CHIMEN DANMYÉ

Le danmyé est issu des masses travailleuses (esclaves puis ouvriers, paysans, employés, pêcheurs, artisans) qui lui ont donné leur empreinte. Sa maîtrise a toujours demandé un dur travail d'apprentissage et un entraînement régulier. Les fanfarons, les illusionnistes, les fainéants, les « badjolè» ont toujours été perçus étrangers à lawonn danmyé.

Aujourd'hui, le pratiquant danmyé sait que la vie facile n'est qu'une illusion, que les choses et l'homme lui-même se réalisent dans l'effort, que la société martiniquaise ne peut s'épanouir que dans le travail et que « l'oisiveté (même rémunérée) est la mère de tous les vices ».

Le danmyé surmonte peu à peu le déshonneur dans lequel l'avait précipité le folklo-doudouisme qui le réduisait à quelques exhibitions acrobatiques sur podium ; il évite le piège du traditionalisme qui voudrait l'enfermer dans la nostalgie du passé et le figer dans le refus de toute évolution ; il se lave de l'opprobre qu'avaient jeté sur lui mulâtres, Église et administration, résiste aux vieux préjugés racistes (bagay djendjen, bagay vyé nèg) et affronte certains préjugés plus récents (bagay ki ja pasé) qui sous-estiment ses potentialités et son actualité.

Aujourd'hui, il faut consolider les acquis et travailler à un plus grand essor et une plus large implantation du danmyé. Pour cela, il faut poursuivre et approfondir la codification et la réglementation, utiliser tous les créneaux possibles pour faire connaître et enseigner le danmyé, rassembler toutes les forces existantes, obtenir la reconnaissance la plus large possible.

Les jeunes pratiquants d'aujourd'hui constituent la génération charnière, celle qui a entre ses mains l'avenir danmyé.

Il s'agit aujourd'hui non pas de constituer le danmyé en art martial, ce qu'il a toujours été, mais de renégocier ses conditions d'existence en fonction des changements intervenus sur le plan économico-social et sur le plan des mentalités.

Liberté et responsabilité

La liberté, c'est le pouvoir de faire ses propres choix. La responsabilité, c'est envisager toutes les conséquences de ses décisions et actes et les assumer.

Nous savons qu'entrer dans la « wonn » était un acte que marquait le majò. C'est lui seul qui décidait. Et il devait assumer toutes les conséquences de cet acte. Aujourd'hui, le pratiquant danmyé sait que le monde a besoin de démocratie véritable et du respect des droits de l'homme, que les peuples aspirent à choisir leur avenir, que notre pays a soif de responsabilité et de vie nationale.

La nécessité de créer et d'édifier une organisation martiniquaise de Danmyé

Pour faire avancer cette stratégie, des jeunes et des Anciens regroupés dans Lékol Danmyé AM4 développent, depuis dix ans déjà, un travail et des expériences multiples en vue de :


vers le début de l'article
article précédent dans le n° 10 monter au tambour : à la découverte du Danmyé
sommaire du n° 10 sommaire
article suivant dans le n° 10 “oser l'exode” de la société de travail

Les périphériques vous parlent, dernière mise à jour le 20 avril 03 par TMTM
Powered by Debian GNU-Linux 2.4.18