Éditorial
Vous lisez le numéro zéro du journal mensuel Les périphériques vous parlent.
Nous aimerions que ce journal soit l’occasion de toutes les rencontres possibles, de toutes les propositions.
Halte au massacre par Federica Bertelli
« Herodes est bien vivant / Il est au pouvoir / Il a décrété la famine / Une forme plus subtile / De tuer les enfants / Qui sont nés au Brésil / Oh Herodes - gouvernement mangeur d’anges / Oh Herodes - gouvernement dévoreur d’enfants / Oh Herodes - gouvernement carnivore / Oh Herodes - il a déjà mangé le Brésil entier »
Herodes est une chanson qui a été composée par le groupe musical Moleque de Rua, formé par 13 enfants des rues de São Paulo au Brésil âgés de 12 à 21 ans.
Une si changeante désuétude par Anne Cheptou
Ce domaine le plus fondamental, dans lequel nous cherchons le sens de toute chose :
« C’est là qu’une culture, se décalant insensiblement des ordres empiriques qui lui sont préscrits par ses codes primaires, instaurant une première distance par rapport à eux, leur fait perdre leur transparence initiale, cesse de se laisser passivement traverser par eux, se déprend de leurs pouvoirs immédiats et invisibles, se libère assez pour constater que ces ordres ne sont peut-être pas les seuls possibles et meilleurs... »
Michel Foucault, Les mots et les choses. Edition Gallimard 1966.
L’éternel absent par Anne Calvel
Insoumis en nos lieux. Soumettons nos initiatives : elles ne seront plus les intruses des lieux pâles et inodores. Désormais leurs traces blêmes s’effaceront et à jamais le blême est vaincu !
A ne savoir qu’en faire par Anne Cheptou
Savoir en différé, voué à stagner au fond des têtes déformées ! Ou bien plutôt, dépasser ces fonds usés et englués : intégrer son savoir, c’est se rendre capable de jouer avec ces connaissances agglomérées avec le temps.
Des misérables salles qui projettent une image trop blanche par Federica Bertelli
J’ai vécu jusqu’à l’âge de dix-huit ans en Italie. Ma vie d’adolescente à Milan n’a pas été très heureuse. L’école n’a guère non plus répondu à mon attente. J’aimais par-dessus tout le cinéma. Je jugeais l’Italie indigne de se considérer, ne fut-ce qu’un instant, comme l’une des Babylone du cinéma. Mes yeux, mes oreilles ont tant souffert dans de misérables salles qui projetaient une image trop blanche, souvent floue, accompagnée d’une bande sonore toujours doublée. Ne parlons pas de la cinémathèque de Milan avec ses quinze chaises de camping en fer et son écran pliant pour diapos. On comprendra que mes voyages successifs à Paris, et « mes cures de cinéma » dans les salles parisiennes m’aient éblouie : je voyais près de deux films chaque jour. C’est ainsi que la maturità (le baccalauréat italien) passée, je décidais de poursuivre mes études en France.
L’héritage à inaugurer par Violette
Présentation d’un projet pour les deux à trois prochains numéros : Conversation entre 5 membres d’une même famille.
Le temps d’y réfléchir par Christophe Soulié-Brunel
Je ne suis pas et je n’ai jamais été étudiant. Je ne connais de l’université que ce que l’on a bien voulu m’en dire, et je crois d’ailleurs que ceux qui m’en parlèrent ne savaient peut-être pas bien de-quoi ils parlaient.
Fragments d’un étudiant repenti par Yovan Gilles
À l’université, nous avons surtout appris à vénérer les grands penseurs, comme l’histoire s’incline devant les grands hommes, parce que justement ce qui est vénérable chez les grands penseurs, c’est qu’ils infligent une leçon mortelle à tous les petits présomptueux comme nous, qui feraient bien de prendre exemple de la dévote sollicitude de leurs maîtres à l’endroit des grands et vénérables penseurs.
Gombrowicz symphonie en Ed-pe mineur (étudiant petit e mineur) par Angelina
Notre héros d’une journée est un étudiant peu extraverti, mais très averti, peu étudiant en la manière, mais très étudiant en la matière. Nous lui prêtons, en l’occurrence, un prénom tout à fait occasionnel : Ed-pe, contraction de « étudiant petit e ».
Cinéma et crépuscule par Freddy Daniel-Godineau
Je pense n’avoir jamais vu, ni surtout entendu l’aurore se lever sur l’écran qui sépare notre regard en deux. Pourtant c’est bien maintenant, où tout est déjà si perdu et achevé pour mourir, qu’il faudra un jour le faire renaître sans patience ni raison, sans conscience ni vision.
Fac off Jérémie Piolat
Apprendre à découvrir ses intérêts fondamentaux, ses désirs, ses buts de vie, réussir à comprendre que l’on travaille pour soi, en cela réside l’acte préliminaire, primaire de toute connaissance vivante.
Fighting banlieues par Kim Ohio
Tous les espaces dont nous disposons pour éventuellement nous rencontrer ne sont que des espaces de « transit ». À l’image du métro qui alimente la haine : ils font le transit entre des centres d’intérêts éloignés qui ne se rencontrent jamais.
Genèse dans les décombres par Cécile Roma
Je me découvre réellement un affreux désir de m’exprimer : même si je croyais m’exprimer quand même un peu, je viens de me rendre compte que c’est un désir qui vient de se poser là et qui passe avant tout aujourd’hui.
En question... par Anonyme
Allez les vieux ! Plus question d’exiger de vos enfants qu’ils lèvent le doigt pour demander l’autorisation de poser une question. Y a malaise. Et en le questionnant, marquons notre volonté de nous « dérouiller », de ne plus faire avec ce malaise !
La gestation de l’inespéré par Federica Bertelli
Voilà deux ans que je suis étudiante à Paris 8. Ce qui m’incite à vouloir créer avec d’autres étudiants un journal est autant lié à mon expérience universitaire qu’aux discussions, confrontations, échanges d’opinions que j’ai eu avec d’autres étudiants.
Ailleurs est à faire de partout par Anne Calvel
Je suis étudiante en cinéma. C’est là ma « définition » sociale, mon statut, le contour repérable qui me confère au regard de l’autre une rassurante familiarité.
Lettre de ..., Paolo Girardi
Je ne suis pas étudiant. Malheureusement. Ma famille a immigré en France, il y a 12 ans. Je suis technicien au chômage. Je suis sur la liste des techniciens qui ont bien appris et bien servi. Dans le contexte actuel du monde du travail qui exige des employés d’être des performants optimaux, je reste inexorablement condamné à l’attente... à l’attente d’une nouvelle formation pour redevenir performant.
Lettre d’un désespéré, et pourtant...
Vous m’avez assuré que si je mettais par écrit mes idées vous les publieriez ? Écrire ne m’émoustille pas tant que ça, mais quand même j’ai trop envie de dire deux ou trois choses que je pense d’eux.