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Numéro 28 WEB
Astres et désastres - Images du Stromboli et autres
- Explosions de mai 2009 -
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Sommaire

Chèr(e)s lectrices et lecteurs,

Voici, pour votre plaisir et curiosité, quelques photographies du Stromboli, l’un des, sinon "le" volcan le plus actif du monde (en activité permanente). Les vidéos prises au plus près du divin magma seront mises en ligne cet été sur You Tube après montage des images pour la réalisation d’un petit film. Le son des explosions y déchire l’azur et l’élégance chtonienne s’y déchaîne dans la nuit ou la brûlure du zénith. La tendresse des éléments réside dans leur force.

J’étais sur le volcan du 24 au 27 mai pour une nouvelle ascension ; et les clichés qui suivent, certaines légendes, ont été pris à cette occasion. L’activité volcanique était intense avec près de 400 explosions par jour dont certaines, que je vous livre, atteignant entre deux et trois cent mètres de hauteur ! Précision utile car la perception des rapports d’échelle est toujours malaisée sur ce type de clichés. Deux semaines auparavant, l’accès au cratère et à la punta qui le domine était encore barré, tant était grande(s) la virulence du feu et les facéties de mon animal préféré.

La punta qui surplombe le cratère flanqué de ses six bouches éruptives aujourd’hui (car la morphologie du cratère est en constant remodelage sous l’effet des paroxysmes) culmine à 918 mètres au-dessus du niveau de la mer, mais à plus de 2900 mètres en hauteur réelle, car la partie immergée du volcan est haute de 2000 mètres.

"Langueurs émollientes des brises et reliefs biseautés. Rien ici de la douceur présumée de la Méditerranée malgré l’allégresse marine. Si la mer atténue les rigueurs du volcan et la menace sourde qui se déchaîne régulière en un paroxysme annuel au moins précédé de signaux sismiques, les autres éléments complètent cette vigueur. Les vents y soufflent fréquemment et les flots creusent violemment, même en été. La raideur des pentes, les maquis d’épineux, de lentisques et de romarins prostrés, le soleil excoriant, le tranchant et l’abrasion des rochers, que la mer à l’échelle des siècles n’eut guère le temps de polir, tout ici s’irise et s’hérisse, explosif. Et cette force des éléments stimule bien des tempéraments pour que certains, y ayant séjourné une fois, décidèrent d’y demeurer ou d’y prendre leurs habitudes. Il y a la lumière solaire et les nuits qu’on voudrait retenir. Voie lactée et comètes, cieux tuméfiés par des couchers antiques, nuages cyclopéens par temps d’orage."

YG - L’homme à la hache (l’inacessible)

Une bouche, ça parle.


Pris depuis la chambre d’Hôtel. Magma diaphane, gaz et sable, difficile de trouver le sommeil avec le désastre comme lampe de chevet. Quoique contempler des éruptions en sirotant du vin blanc glacé soit une délectation orphique.

Sans zoom. Cela choit pas très loin, le cœur palpite et la cognition s’interrompt.


Chutes de blocs de magma dans la mer via la sciarra del fuoco, le dévaloir de lave du Stromboli (ici à 400 mètres d’altitude). Pour l’échelle, certains blocs rebondissent à 200 mètres du rivage.
Certains blocs ont la taille de vos chiens pour ceux qui en sont munis, d’autres celle de votre véhicule.
Question bande son, imaginez des milliers de chevaux au galop.
Faîtes des brasses plus bas, ça galvanise pour le moins et pas besoin de serviette de plage, trépas maison au bowling des Dieux.

Vue du bâteau du côté de Ginostra, le plus petit port de méditérannée. En haut : au large le Strombolicchio, le volcan primitif avorté.

Le village de Stromboli a son charme, mais rien ne vaut l’univers non-motorisé de Ginostra, un endroit où flirter avec Ulysse ou Perséphone.

Pour les nightclubbers, le soleil est le spotlight suprême.


A l’hôtel d’art d’Antonio Presti à Tusa. Sans la musique, disait Frédéric, la vie serait une erreur, mais sans la Méditérrannée, ce serait une erreur redoublée.


Etna - 23 mai 2009 au point dénommé Terra del filosofo en référence à Empédocle qui prît, là, les lavements de l’éternité. Au fond le sommet de la "Montagne" féminisée par les catanese et le cratère sud-est.

L’animal était calme ce jour-là, mais la chérie mamellaire des catanese ourdit deux jours plus tard une explosion et deux villages furent préventivement évacués. Ce jour-là dardait un soleil brulant. Mes hôtes, peu en jambes, empruntèrent le funiculaire pour la descente.

Je tentais un pari et leur promit de les retrouver en bas dans les meilleurs délais, leur épargnant qu’ils m’attendissent. Je fis la descente en sprintant de 2600 à 1900, soit 700 mètres de dénivelé, en 24 minutes, un record personnel dont, modestement, je vous fais part. Qui dit mieux ?

par Yovan Gilles