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Numéro 19
Propositions en faveur d’un Contrat mondial de l’Eau
Par Cristina BERTELLI, Silvia Forassassi |

Dans trente ans, la moitié des réserves mondiales en eau aura disparu. Prendre en compte cette réalité est aujourd’hui primordial, même si, dans notre vie quotidienne, rien ne nous le laisse croire : l’eau continue à couler à profusion de nos robinets européens. Des jeux et des enjeux politiques et économiques colossaux se greffent sur la question de l’eau. C’est aussi pourquoi la gestion mondiale de cette ressource vitale doit devenir l’affaire de tout citoyen.

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Extrait

(...) En 1998, Riccardo Petrella a rédigé, en collaboration avec plusieurs intellectuels internationaux, le Manifeste Mondial de l’Eau. De celui-ci est né le Contrat Mondial de l’Eau, dont les signataires sont Riccardo Petrella, Mario Soares et Danielle Mitterrand. Nous avions publié des extraits de ce contrat dans le n° 17 des Périphériques vous parlent. Ses principes sont la reconnaissance de l’eau comme bien patrimonial commun de l’humanité et l’accès à l’eau et à son assainissement admis et conçus comme un droit humain fondamental, et non comme un besoin. En effet, le financement des investissements nécessaires à ces impératifs doit être assumé collectivement et solidairement par la communauté mondiale. L’enjeu est de taille, au vu de la mainmise du pouvoir privé sur les réseaux de distribution et des approches politiques aussi bien qu’écologiques des États.

Deux lignes d’actions s’opposent actuellement à l’échelle mondiale.

D’un côté, celle des voix officielles des "grands" (Banque Mondiale, Institutions Gouvernementales, multinationales), réunis autour du Conseil Mondial de l’Eau qui préconise la privatisation de la gestion de l’eau, partant du principe qu’elle doit être considérée comme un bien économique auquel il faut attribuer une valeur économique déterminée par le marché, et que la meilleure gestion de ce bien passe précisément par la gestion déléguée aux entreprises privées.

De l’autre, celle de différentes associations ou mouvements de citoyens, qui gravitent, entre autres, autour du Manifeste Mondial de l’Eau et s’exprimant, lors du Forum Alternatif Mondial de l’Eau (Florence 2003 et Genève 2005), contre toute politique de privatisation et de marchandisation de l’eau à l’échelon local ou mondial. Il s’agit de permettre un accès démocratique à l’eau, partant du principe que sa distribution gratuite est un droit inaliénable de l’être humain. Il s’agit donc de combattre une politique qui considère l’eau comme une marchandise et non pas comme un bien commun patrimonial de l’humanité, en la soustrayant aux mécanismes du marché.

Voyons maintenant cela d’un peu plus près. Les principaux acteurs de la privatisation croissante de la gestion de l’eau sont aujourd’hui la Banque Mondiale, les entreprises privées de l’eau (Vivendi Environnement, Suez, RWE, Thames Water, Southern Water, Saur Bouygues, Bechtel, ACEA, Aguas de Barcelona, mais aussi Nestlé, Danone, Coca-Cola), et les institutions créées par elles en 1996 : le Conseil Mondial de l’Eau (organisateur du Forum Mondial de l’Eau de Kyoto), le Global Water Partnership, avec le soutien des organisations spécialisées des Nations Unies. (...)