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Numéro 2
Faire mouvement
Paru le septembre 1994

Le but d’Objectif jeunesse est d’inspirer une pratique politique. En cela il est destiné à l’usage de tous ceux qui prendraient acte de cette vocation. Il pose les bases d’une activité pour "décrocher" plus librement d’un passé qui s’éternise. Il pousse, en somme, à élaborer une politique où chacun chercherait ses possibles, son devenir.

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Les mots mouvement, politique, lutte sont malheureusement des termes qui font appel aux images déprimantes du militantisme. Aussi s’agit-il ici d’éclairer quelques orientations et modes d’interventions pour « faire mouvement ».

Il nous semble fondamental, lorsque l’on affiche l’ambition, aujourd’hui, de « s’investir du politique », de ne pas tomber dans un certain nombre de pièges. S’investir du politique, répétons-le, signifie avant tout, pour nous, prendre en charge l’organisation de la vie, de sa vie. Cette responsabilité échoit pour l’instant, de fait plus que de droit, à une minorité ferrée à la lutte pour le monopole du pouvoir. Minorité qui occupe le terrain et impose des idées, des moyens, des méthodes, des dispositifs qui gênent l’existence d’un autre type de politique.

Donc, d’une part, ne pas s’engager sur la scène marécageuse, nauséabonde de la « politique politicienne » ; d’autre part, ne surtout pas déserter le terrain du politique en leur laissant les mains libres.


LA POLITIQUE ET LES PETITS MALINS

La politique le dégoûte. Il rejette la politique. Conséquence : il évite tout ce qui est politique. L’évitement politique est une politique, la pire.

Deuxième conséquence : il est de plus en plus dégoûté de la politique.

Troisième conséquence : La politique devient de plus en plus dégoûtante.

Et si nous inventions un autre mode de faire de la politique ? lance un naïf. Les petits malins ricanent. La roublardise des petits malins fait le jeu des gros malins. A malin, malin et demi.


Affirmons qu’à travers « Objectif jeunesse », il ne s’agit pas de lutter contre quelque chose, mais plutôt de lutter pour nous-mêmes. Tout au long de ce numéro, il ne s’est agi en aucun cas de concevoir un programme ou de soutenir une théorie prétendant élucider les problèmes de la société. Nous avons proposé un certain nombre de perspectives, d’ouvertures permettant à chacun de se positionner face aux problèmes complexes que la crise pose au monde. « Voir autrement » nous semble aujourd’hui un préalable indispensable à toute démarche politique, si l’on ne veut pas se laisser prendre au piège des idées et des solutions mille fois ressassées. Se donner des perspectives n’a rien à voir avec une quelconque tentation utopique. Ce qui devient proprement utopique aujourd’hui, c’est de s’obstiner à imaginer que des « solutions techniques », « idéales », élaborées par des spécialistes ou des représentants élus par les uns pour gérer la vie des autres, pourraient résoudre les problèmes de la société.

Pour tous ceux déjà qui se reconnaissent à travers les idées d’Objectif jeunesse, il s’agit d’aborder dès maintenant cette question : comment « faire mouvement » ? Ce mouvement nous l’imaginons, dans son principe même, basé sur les spécificités et les différences de tous ceux qui pourraient participer de manière concrète à sa fondation.

Dans un premier temps, nous aimerions continuer de soumettre Objectif jeunesse à la discussion, au débat. Dans ce sens les contributions et collaborations de tous ceux susceptibles de dégager d’autres angles de vue, seraient très précieuses. Elles pourront être publiées dans Les périphériques vous parlent dans un espace consacré aux réponses à Objectif jeunesse que nous avons inauguré dans ce numéro.

Dans un deuxième temps, nous voudrions étudier quel type d’opération ou de manifestation il serait possible d’organiser pour lancer publiquement Objectif jeunesse avec l’ensemble des protagonistes s’étant déjà manifestés.

LE MONDE N’ATTEND PAS QU’ON LUI COURT APRÈS. IL VA, AVEC NOUS OU SANS NOUS

Aller avec le changement, chacun avec son bagage, avec ses idées, avec sa manière. Épouser le mouvement irréversible du temps, avec lui, pour inventer, à chaque pas osé, sa jeunesse.

Pour faire mouvement, il faut commencer par faire un pas (Monsieur de La Palice). Un pas en avant, ça vaut mieux.

Le projet Objectif jeunesse s’adresse :

- à tous ceux, individus, groupes, équipes, associations, et toutes autres personnes qui cherchent à s’exprimer dans « un présent qui ait un avenir », c’est-à-dire à tous ceux, résolus à s’engager dans le cadre concret de leur vie (que ce soit sur le plan du travail, social, culturel ou autre), à chercher, à concevoir, à penser comment réaliser ce présent qui ait un avenir.

- à tous ceux qui ne se laissent pas aller à croire que l’expression des différences de l’autre représente un obstacle pour sa propre expression. Au contraire nous nous adressons, en tout premier lieu, à ceux qui voient dans « la connaissance des différences de l’autre », le meilleur moyen d’exprimer leur propre différence.

- à tous ceux qui comprennent que des espaces, des moyens, des procédures sont indispensables pour réaliser un tel objectif. À tous ceux, à la suite, qui sont déterminés à se battre pour obtenir ces espaces où forger ces moyens et procédures concernant l’expression originale des individus et des groupes.

- à tous ceux qui ont pris acte que faire de la politique ne consiste pas à rester à sa fenêtre à attendre qu’un leader quel qu’il soit vienne nous conduire vers un futur préfabriqué. À tous ceux donc qui ont ou veulent se donner un objectif de vie (un objectif à leur vie, bien sûr, pas à l’idée que l’époque en donne) et qui savent que cet objectif ne pourra être atteint qu’en s’impliquant activement dans « le mouvement même qui fait l’histoire ». À ceux encore qui comprennent qu’agir (« pour soi avec les autres », dans la vie, la société, la culture) pour faire mouvement, ce soit là, la meilleure manière de faire de la politique.

- à tous ceux qui pensent que leurs idées, leurs projets, leurs contributions de quelque nature qu’ils soient, leur manière d’être et leur façon de faire, leur humour, l’expression de leurs différences, en somme, peuvent apporter « quelque chose » aux autres. À tous ceux donc qui ne tiennent pas à s’enfermer dans un splendide ou dédaigneux isolement, dans un hargneux silence, ou dans un scepticisme de circonstance ou de façade.

Nous ne lançons pas, ici, un appel à l’union. Nous proposons de « se trouver » pour voir comment faire mouvement. Ce numéro OBJECTIF JEUNESSE représente notre contribution. Comment faire mouvement ? Comment s’organiser sans être prisonnier d’une organisation ? Quelles positions prendre devant les problèmes qui se posent à chacun et à tous, localement, en France, en Europe, dans le monde ? Toutes ces questions et bien d’autres sans doute seront à débattre par ceux qui sauront « se trouver », par ceux qui auront décidé de faire mouvement.

Dans un premier temps, nous proposons simplement que tous ceux qui sont intéressés, signent l’Appel pour des États du Devenir et nous le renvoient dans les plus brefs délais, de façon que nous puissions leur communiquer la date d’une rencontre pour débattre de la suite à donner à ce projet.

D’autre part, ceux qui se sentent proches de nos propositions peuvent nous écrire ou nous téléphoner pour nous faire part de leurs suggestions ou de leurs propositions.


QUAND ILS VOUS DISENT...,

REPONDEZ-LEUR :

« Des révoltés, il en faut. »

- Rajoutez :

« Et des résignés comme vous aussi ! et des bonnes sœurs, et des pompistes, et des chiens, et des chinois et des..... »

« Moi, aussi quand j’étais jeune je voulais... »

- « Maintenant que vous avez vieilli, quelles conclusions tirez-vous de ce constat d’échec ? »

« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. »

- Répondez :

- « Que voulez-vous dire ? que l’on a vraiment plus rien à dire passé un certain âge ? »

« Vous pensez vraiment arriver à changer le monde ? »

- « Et vous, vous pensez vraiment pouvoir réussir à le maintenir en l’état ? »

« Vous êtes jeunes c’est normal, vous verrez quand vous aurez mon âge.... »

- « Je vois, et cela ne fait que m’encourager davantage à rester jeune. »

« Il faut que jeunesse s’amuse. »

- « Jusqu’à l’usure ? »