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Numéro 8
Danse des corps, tonte des moutons
Par Les Périphériques vous parlent |
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Décembre 1995. Un travail photographique à partir du un/un parcourt toutes les pages droites du n° 4 des Périphériques. Le un/un est un principe développé par l’équipe de Génération Chaos pour Musique/Danse Overflow. Il n’a pas pour finalité une chorégraphie ; c’est un dialogue.

Décembre 1996. Jérôme Cano, un des participants au travail photographique du un/un, fait une recherche à partir des pages du journal elles-mêmes, en les utilisant comme des négatifs photo pour les agrandir directement sur papier photo. Les photos que vous voyez tout le long de ce numéro en sont le résultat.

Avril 1996. Les périphériques font une tournée dans le Sud de la France, notamment dans les coopératives de Longo Maï. Des échanges, des stages ont lieu. Des discussions sur l’agriculture et la culture, nous renforcent dans l’opinion qu’il n’y a pas une supériorité, ou une dévalorisation qui dispenserait l’une d’être utile par rapport à l’autre et vice-versa, mais au contraire une compatibilité, souvent perdue, qui sous-tend une même reconquête du sens de la vie.

Lors de cette tournée, Sonja Kellenberger, une participante des Périphériques, prend des photos de la tonte des moutons. Ce sont les photos que vous voyez également le long de ces pages.

Mai 1997. Nous travaillons à ce numéro. Les textes comme les photos sont une matière à partir de laquelle nous construisons un numéro. Nous regardons les photos du un/un et de la tonte des moutons, quelque chose nous frappe : une similarité de matière, de texture, de posture, de gestes. Nous décidons d’explorer cette compatibilité.

Danse des corps, tonte des moutons. Gestes du corps qui façonne une idée avec l’autre. Corps sculptés. Tonte des corps qui se croisent, se heurtent, se scrutent, dessinent une figure, produisant une culture, de la danse. Danse de l’homme qui s’unit corps à corps a un autre corps. Une matière prend forme, culture de la laine, laine de culture, un tissage d’actes, de gestes dansés, tramage d’actes et pensées. Sculpture de mondes, irruption de la culture dans les corps, entrée en scène de l’art de la vie. Introduction de l’ombre de fils de laine dans le dénouement de la danse, introduction de gestes à dénouer dans un tissage de laine. L’art de savoir danser pour rencontrer l’autre et déjouer les distances, les manières de faire imposées, les codes, les goûts qui ont aseptisé la vie pour reconquérir le sens du possible avec l’autre. L’individu tond la distance qui le sépare de l’autre, de l’autre qui n’est plus son ennemi, mais celui qui le nourrit, de culture, d’art de la vie.