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Numéro 1
Lettre de Charles L. Dogson à Henrietta et Edwin Dogson
Par Lewis CARROLL | Paru le février 1994
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« (...) je vais vous raconter la façon dont je fais mes cours. Le point le plus important, voyez-vous, c’est que le professeur soit plein de dignité et à une certaine distance de l’élève ; l’élève, de son côté, doit être ravalé aussi bas que possible.

Sans quoi, l’élève n’a pas toute l’humilité requise.

Donc, je suis assis au fond de la salle, le plus loin possible de la porte ; à l’extérieur de la porte (qui est fermée), est assis un domestique ; à l’extérieur de la porte extérieure (qui est également fermée) est assis un sous-domestique ; dans l’escalier, à mi-étage, est assis un sous-sous-domestique ; enfin, dans la cour, est assis l’élève.

Nous nous crions les questions de l’un à l’autre, et les réponses me parviennent de la même façon : jusqu’à ce qu’on en ait bien pris l’habitude, c’est un peu déconcertant. Voici à peu près comment le cours se déroule :

LE PROFESSEUR : Combien font deux fois deux ?

LE DOMESTIQUE : Combien sont les mois creux ?

LE SOUS-DOMESTIQUE : Comment vont les lépreux ?

LE SOUS-SOUS-DOMESTIQUE : Combien font cinq cents œufs ?

L’ÉLÈVE (timidement) : Une demi-guinée !

LE SOUS-SOUS-DOMESTIQUE : Voyez mon frère aîné !

LE SOUS-DOMESTIQUE : Voici venir René !

LE DOMESTIQUE : Vous êtes un benêt !

LE PROFESSEUR (qui prend un air offensé, mais essaie d’une autre question) : Divisez cent par trois !

LE DOMESTIQUE : Devisez sans effroi !

LE SOUS-DOMESTIQUE : Révisez votre croix !

LE SOUS-SOUS-DOMESTIQUE : Avisez l’autre roi !

L’ÉLÈVE (surpris) : Que veut dire ceci ?

LE SOUS-SOUS-DOMESTIQUE : Nul ne soupire ici !

LE SOUS-DOMESTIQUE : Voici du pain rassis !

LE DOMESTIQUE : Prenez un bain assis !

Et le cours continue de la sorte.

Ainsi va la Vie. (...) »