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Numéro 12
Du désespoir visuel à l’espoir par l’image
Par Federica BERTELLI |

Le paradoxe veut que le pouvoir de l’image tienne à des images sans pouvoir. Les poubelles télévisuelles regorgent de clichés qui façonnent notre perception du monde. Mais l’espoir est ailleurs, dans l’image ; le visuel a fait son temps.

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EXTRAIT

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La télé, comme les médias du reste, fabrique un monde qui n’est pas celui que nous vivons. On nous annonce le chanteur le plus connu, l’acteur le plus doué, la dernière mode venue, la vie la plus vécue, le ceci et cela. "Mince alors, je n’étais pas au courant, où vis-je ?" Cela nous fait peur de vivre ce monde que l’on nous décrit et que nous ne vivons pas encore. Cela nous fait peur de devenir comme cela, désincarné, vidé, titubant, joyeusement con. Alors on chancelle, on hésite si l’on va adopter cette vie que l’on nous propose, on se tâte, tout le monde a l’air de vivre ainsi, comme cela, tout le monde a l’air au courant. Mais que perdons-nous ou bien que nous reste-t-il ? Tout le monde se ressemble, a les mêmes désirs, à la même heure. Alors, plutôt que de vivre cette conformité, nous aimerions tant être dans un univers chaotique, déracinant, nous aimerions tant défier le cours routinier de la vie, que quelque chose survienne qui n’a pas l’air de cela. Trouver un sens à sa vie.

Mais vraiment cela est terrible le monde du petit écran, plus personne ne semble rien dire et quelqu’un comme Serge Daney n’est plus là pour nous avertir. Il ne reste rien à voir, ou bien il y a tout à voir, tout et n’importe quoi. Mais c’est bien pour cela que la représentation du monde se répète, pour ceux qui la vivent, soulignons-le encore, tandis que les autres, les non-voyants de ce monde, résistent à la tentation, disons plutôt à la condamnation de se voir aspirés, la condamnation étant plus tentable que la tentation n’est condamnable.
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