EXTRAIT

(...) Un modèle de société a donc pris le relais de la colonisation, celui-ci entérine des liens de dépendance à une condition salariale qui est une condition de survie, cloisonne les espaces de vie, fabrique un temps standardisé à travers une culture de l’instant. En Polynésie, la quête de devenir prend donc l’allure d’un refus catégorique de ces modes de vie et de pensée induits par cette société de production et de consommation de masse, dont la création est somme toute récente et l’avenir improbable. La quête de devenir se fonde du désir du changement - ou "décontamination" selon le terme de Gabriel Tetiarahi - des mentalités et de la volonté d’inventer d’autres paysages, d’autres temporalités que ceux d’une société où le salariat, le pouvoir d’achat gouvernent les relations humaines.

Les combats des Polynésiens prennent un sens particulier à l’heure où le monde occidental vit sous un régime de peur panique généralisé qui s’égrène au rythme des scandales sanitaires et environnementaux successifs. Nous sommes tous tenus de prendre de nouvelles responsabilités. Les dérives des grands groupes transnationaux, qui ne connaissent d’autre loi que celle du marché, placent l’humanité face à sa responsabilité. Elle sait qu’elle ne peut plus déléguer la maîtrise du présent à des forces dont le seul moteur est le profit à court terme sans encourir le danger que ce même présent se révèle sans avenir. (...)