Les périphériques vous parlent N° 0
AVRIL 1993
p. 34

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En question...

Allez les vieux ! Plus question d'exiger de vos enfants qu'ils lèvent le doigt pour demander l'autorisation de poser une question.
Y a malaise.
Et en le questionnant, marquons notre volonté de nous « dérouiller », de ne plus faire avec ce malaise !

- Et comment, comment, comment ?

- That is the question !
Aux sempiternels « mais qu'allions-nous faire dans cette galère ? », nous préférons aujourd'hui : “To be or not to be ?”. Ceci parce qu'il faut bien qu'il y ait quelqu'un qui se lève, qui cherche à s'avancer pour briser la chaîne des rameurs habitués au même « pousse toujours en avant » du comme avant. Un et d'autres qui se mettent à bouger.

- Mais comment allons-nous bouger autrement, comment surtout allons-nous nous adresser les uns aux autres ?

- Ce sont nos actes qui répondent de nous. Nos actes nous questionnent. And the question is : la question en mouvement.
Faut faire bouger la question pour qu'elle bouge, ce qui n'empêche pas les universités d'être grises ou grisées, grises du ressentiment de ceux qui s'y traînent ou grisées de ne pas en avoir.
Il y a bien des gens qui tendent l'autre joue !

- Il pose une question, mais ne l'englue-t-elle pas dans la poisse de l'ennui ? ne le colle-t-elle pas au mur ?

- Mais, il ne faut pas poser, asseoir la question dans le fauteuil du déjà répondu, laissez-la voler de ses belles ailes. Un questionnement qui entasse les problématiques fait tas, c'est tout. Trouvons la question qui ouvre des brèches, qui éclaire ce que jusqu'ici nous négligions de regarder. Ne dites pas : nos questions doivent habiter l'université, mais nos questions doivent la déborder.

- les questions voyageraient-elles ?

- Oui, mais comme le rappelle André Breton à propos des livres : ne pas confondre les questions qui font voyager et les questions qui se posent en voyages. Partir, c'est mourir un peu, rester c'est nourrir la mort : à l'université, retrouvons-nous dans des endroits toujours différents et profitons des couloirs pour questionner ce qu'ils cachent.

- Pour l'instant, je ne vois dans cette université que des silhouettes qui errent et cohabitent mollement.

- Chaque inconnu s'offre à être connu, mais nos yeux sont attirés par l'affiche d'un masque que nous prenons pour le réel alors qu'il ne cache que notre propre désir.

- Mais alors chaque inconnu n'existe qu'à être inventé ?

- Il ne s'agit pas d'interroger les étudiants sur leur capacité de prendre la température ambiante. « C'est pas qu'on soit pote, on se reconnaît. » Mais est-ce que l'on se connaît ?

- La question qui ne se pose pas remplacée par la question qui s'envole ? Et après ?

Il reste, entre autres : s'inventer des ailes pour courir après. Picasso écrit : « le désir attrapé par la queue ».

- Ici et maintenant, pour comprendre ce qui nous manque, pour chercher ce que nous désirerons. Et le devenir ?

- Ici et maintenant est un lieu favorable pour y trouver le devenir. Un lieu de vie !


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Les périphériques vous parlent, dernière mise à jour le 25 avril 03 par TMTM
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